L'escroc Si Lakhdar était très pieux. C'était un homme d'une soixantaine d'années qui passait son temps à répandre le bien autour de lui. Il craignait Dieu et s'acquittait sans faille de ses obligations religieuses. Doté d'un tempérament très calme, il occupait ses journées à l'approvisionnement et à l'entretien de son magasin de prêt-à-porter. Si Lakhdar recevait beaucoup de monde, vu que son commerce se situait au centre-ville. Vieux, jeunes, femmes et enfants, tout le monde y trouvait son compte, d'autant plus que les prix étaient très raisonnables. En ce mois de Ramadhan, si Lakhdar a veillé à s'approvisionner surtout en vêtements pour enfants, vu que l'Aïd était sur le seuil et que les ménagères avisées n'attendront pas les derniers jours pour habiller leur progéniture. Bref, la vitrine était achalandée en tout ce qui pouvait susciter l'intérêt des passants. Assis sur une chaise devant la porte, chapelet à la main, si Lakhdar saluait aimablement ses clients et les recommandait à ses vendeuses. Un homme et ses deux enfants semblaient intéressés par les complets en jeans exposés sur le comptoir. Mais les prix affichés ne semblaient pas accessibles à la bourse de ce père de famille, qui exhortait ses enfants à partir. Malgré l'insistance de ces derniers, il demeura inébranlable. - Non… Non… Leur répétait-il … C'est trop cher. On prendra autre chose demain au marché… Pris d'un élan de pitié Si Lakhdar se leva et s'approcha d'eux. - Qu'y a-t-il mes enfants ? Les complets en jeans vous intéressent ? - Oui, répondirent en chœur les enfants. - Non ! s'exclame le père. Leurs prix sont inaccessibles… - Vous n'y pensez pas… Mes prix sont les plus bas de la ville. Vous ne trouverez jamais des complets aussi beaux, moins chers ailleurs. -Je sais souffla le père à l'oreille de Si Lakhdar, mais Allah ghaleb… Je suis au chômage. N'insistez donc pas auprès des gosses, cela me fera trop mal de les voir plus malheureux qu'ils ne le sont déjà… Croyez-moi, ils mangent à peine à leur faim. En entendant ses paroles, le brave Si Lakhdar est pris de compassion. Il appela les enfants et leur fit choisir deux complets auxquels il ajoutera deux paires de chaussures, deux chemises, ainsi qu'un costume en flanelle pour leur père. Je ne pourrais jamais vous payer si l'Hadj…murmure le père d'un air affligé
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