La rue Abbès-Laghrour à Aïn Beïda, appelée communément Roud Essaïmine, garde toujours son statut de lieu de commerce par excellence durant le mois de jeûne et de destination de centaines de personnes quotidiennement, notamment des jeunes de la ville mais aussi des communes limitrophes. Ils s'y rendent, qui pour acheter, qui juste pour voir ou passer le temps comme on dit. Ici on trouve de tout : fruits, légumes, viandes, poisson, gâteaux, boissons, zlabia... et même de la vaisselle. Le marché couvert de la ville, situé dans cette rue, est fermé depuis plus de 20 ans, il n'a pas encore rouvert, bien qu'il ait bénéficié d'une opération de réhabilitation. Dès 15h, les gens commencent à affluer progressivement sur les lieux, de petites files sont formées devant les vendeurs de zlabia, un produit fort apprécié sur la meïda du f'tour. Certains trouvent que les prix cette année demeurent chers, comparativement au Ramadhan passé. Qu'on en juge : le poulet rôti sur du charbon 650 DA, le lapin 2000 DA, la tête d'agneau entre 1000 et 1100 DA, quant aux dattes, de qualité, les prix varient entre 700 et 1000 DA le kilo. "Le marché n'est plus abordable comme avant. Aujourd'hui, il est touché lui aussi par la cherté", nous dit un citoyen sur les lieux. Pour un autre, "c'est devenu de l'anarchie, les commerçants des années 1970 et 1980 étaient respectueux, ce n'est plus le cas maintenant". Un avis que partage un cadre à la retraite : "On a squatté non seulement les trottoirs mais aussi la route." De son côté, un vieux, rencontré devant un ancien commerce, avance : "Vous le constatez, on n'a plus de place dans cet espace." Des mots qui renvoient au changement temporel et générationnel. Après tout, Roud Essaïmine n'a rien perdu de sa vocation, l'activité a même touché les rues la jouxtant. B. NACER