Après avoir organisé une rencontre la semaine dernière, la Fondation Casbah a récidivé hier pour, encore une fois, donner la parole aux habitants ayant été exclus arbitrairement des opérations de recasement. Le président de la fondation, Ali Mebtouche, a expliqué que de graves dérives ont été constatées dans le relogement des familles. Les témoignages des familles qui ont sollicité la fondation ont permis à cette dernière de constituer un dossier avec les documents et les preuves mettant en évidence la déliquescence et le mépris avec lesquels les autorités locales et particulièrement l'APC de La Casbah traitent ces affaires. Le président de la fondation rappellera que la vocation de son institution n'est pas de s'occuper de relogement des familles, mais qu'elle reste à l'écoute des habitants. Et compte tenu de la situation, il a affirmé que la fondation ne saurait se taire devant le mépris et le manque de considération affiché envers les habitants de La Casbah. À ce titre, la fondation compte bien s'associer aux habitants pour saisir la justice sur des malversations avérées. C'est le cas de cet élu qui, grâce à une construction illicite d'une baraque sur une terrasse, a pu faire bénéficier sa famille de 5 logements, en plus d'un étal à Djamaâ Lihoud, d'un autre étal à Zoudj Ayoune et d'un fonds de commerce à la rue Amar-Ali. Cet individu est poursuivi en justice par l'APC de La Casbah du temps de l'ancien P/APC pour non-paiement de loyers. La somme avoisine les 6 millions de dinars. Par ailleurs, la fondation a dénoncé le fait que les pouvoirs publics parlent de 300 familles relogées, alors que selon les décomptes réels, indus bénéficiaires inclus, le nombre ne dépasse pas les 254. D'où la question de savoir où sont passés les logements ? Le recensement effectué par la Fondation Casbah a permis d'identifier nommément ces indus bénéficiaires. Ali Mebtouche a rappelé que, depuis le début, pratiquement 2 000 des 3 000 logements décrochés pour le recasement de La Casbah ont été détournés. Le président de la fondation est remonté jusqu'à l'affaire des terrains cédés en 2002 par l'APC au profit de l'EPLF Béjaïa à Bab Ezzouar. Il s'agit de l'assiette sur laquelle a été érigé le projet de 530 logements du programme "APC-Cnep". L'APC de La Casbah a bénéficié de trois projets à Baïnem, El-Hamiz et Bab Ezzouar. Pour ce dernier projet, objet de controverses, 530 logements y étaient programmés. Après la décision de la Cnep de cesser de financer le projet, il a été décidé de transférer le projet à l'EPLF et le P/APC de La Casbah a établi un acte de vente au nom de l'APC sans procéder à une délibération. Les membres de la fondation se sont demandé sur quelle base a été établi cet acte de vente. Mais le pire est que les logements ont été construits et vendus par l'EPLF, et contrairement à ce que dit l'APC, ces logements n'ont profité que rarement aux habitants de La Casbah.