Les exécutifs des cinq unions de wilayas sanctionnées par la direction de l'UGTA pour avoir boycotté le 13e congrès se concertent et multiplient les réunions pour prendre des décisions liées aux résolutions dégagées par le nouveau secrétariat national. Des contacts permanents sont en effet établis régulièrement avec les autres unions de wilayas et les différentes fédérations nationales pour décider des suites à donner à ce qu'ils qualifient de congrès "préfabriqué" et "anti-statutaire". Ce mouvement de protestation né au lendemain des assises de la Centrale syndicale va tenir une réunion au siège de l'union de wilaya d'Alger. Cette rencontre regroupera les représentants des wilayas, des fédérations, des membres de la commission exécutive nationale (CEN), des cadres syndicaux, des militants de base, pour arrêter les actions de contestation à mener afin de dénoncer le congrès "clandestin". La protesta sera certainement enclenchée devant le siège de l'UGTA, place du 1er-Mai et au sein des unions de wilayas dans les tout prochains jours. La possibilité d'organiser un autre congrès extraordinaire dont les délégués seront mandatés par la base est sérieusement envisagée."Les travailleurs doivent prendre leur destin en main et passer la vitesse supérieure en organisant un congrès extraordinaire pour élire démocratiquement leurs représentants", dira un syndicaliste. L'union et la solidarité des travailleurs constituent, selon lui, la seule force pour lutter contre l'illégalité et la "hogra". C'est à cette union dans l'action qu'appelle Noureddine Bouderba, un ancien cadre syndical. Pour lui, "il faut maintenir et élargir la mobilisation des travailleurs en les impliquant, complètement et en toute transparence, dans cette dynamique". L'UGTA doit impérativement, avouera-t-il, "se réconcilier avec les travailleurs et le syndicalisme". Sinon, elle risque de disparaître définitivement de l'arène des luttes sociales dans notre pays. Le mouvement de réappropriation de la Centrale syndicale par les travailleurs a nourri chez ces derniers le sentiment "qu'une autre UGTA, plus représentative et revendicative, est possible pour peu qu'ils se mobilisent dans le but de se doter de représentants porteurs de leurs aspirations", soulignera notre source. Les syndicalistes frondeurs demeurent optimistes et affirment que rien n'arrêtera ce mouvement porté vers l'avenir alors que les "caciques et les bureaucrates de l'organisation représentent le passé rejeté par les travailleurs et le peuple". Les partisans du changement, le vrai, pas celui prôné par l'ancienne direction, affirment qu'il est grand temps que l'organisation, qui a tourné le dos aux travailleurs depuis plus de 20 ans en se mettant au service du pouvoir et de l'oligarchie, se réconcilie avec la base. L'UGTA, expliquent-ils, doit retrouver sa vocation initiale, celle préconisée par Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda, à savoir un syndicat qui défend les intérêts matériels et moraux des travailleurs, indépendant du pouvoir, du patronat et des partis politiques. Les principaux meneurs de cette fronde au sein de la Centrale syndicale et tous les opposants se font un devoir d'annuler toutes les décisions qui ont sanctionné les travaux de ce congrès qu'ils jugent "illégal". Comme alternative, ils se fixent l'objectif d'organiser avant la fin de l'année un congrès extraordinaire auquel ne participeront que les délégués dûment mandatés par les travailleurs et la base syndicale.