Le lancement officiel, hier à Niamey, par l'Union africaine de la zone de libre-échange pose l'inévitable question de sa praticabilité sur le terrain. Au-delà des aspects purement économiques, l'ordre sécuritaire s'impose de lui-même dans le débat. Car, il constitue un des éléments-clés de la mise en œuvre de cette zone, sur un continent miné par les conflits armés, l'instabilité politique et le terrorisme islamiste qui étend ses tentacules à plusieurs pays, majoritairement situés sur la bande sahélo-saharienne. Car, en dehors de quelques pays, où règne une certaine stabilité, la majorité des Etats africains font face à des foyers de tension internes, ou sont directement affectés par l'instabilité des pays voisins. Le cas le plus significatif, c'est la bande sahélo-saharienne qui fait face à trois groupes terroristes transnationaux : le mouvement nigérian Boko Haram, la branche sahélienne de l'autoproclamé Etat islamique (Daech) et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, né de la fusion de cinq mouvements islamistes activant surtout au Mali. Ces trois mouvements ont étendu leurs actions à certains pays de l'Afrique de l'Ouest, connus pour leur pratique religieuse tolérante. D'ailleurs, la question sécuritaire est l'une des préoccupations majeures de l'organisation régionale, la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), a affirmé samedi le président du Niger, Mahamadou Issoufou, dans un entretien qu'il a accordé à RFI, à la veille du sommet extraordinaire de l'UA, convoqué par le lancement de cette zone africaine de libre-échange. "Le dernier sommet de la Cédéao a décidé de convoquer un sommet extraordinaire sur la sécurité, très prochainement à Ouagadougou, afin de mutualiser davantage les capacités opérationnelles, les capacités de renseignement, à l'échelle de la région, à l'échelle de la Cédéao", a-t-il déclaré. Il faut souligner aussi l'instabilité au niveau des frontières, où la présence de nombreux groupes rebelles peut empêcher ces échanges économiques intercontinentaux. D'où la nécessité de renforcer la paix, une tâche ardue à laquelle s'attelle le Conseil pour la paix et la sécurité de l'UA depuis des années.