La dispersion meurtrière du sit-in de l'opposition devant le QG de l'armée (123 manifestants tués) a mis dos au mur le Conseil militaire de transition, contraint de reprendre langue avec l'opposition et de faire des concessions. Le Conseil militaire de transition et les leaders de l'opposition soudanaise sont parvenus hier à l'aube à s'entendre sur "la déclaration politique fixant tous les organes de transition", a annoncé la mission de médiation de l'Union africaine au Soudan, a rapporté l'agence de presse officielle Suna. "Les deux parties se sont rencontrées aujourd'hui dans un troisième round de négociations dans une atmosphère fraternelle, constructive et responsable", a déclaré l'émissaire de l'UA au Soudan, Mohamed El-Hassan Ould Labbat, cité par Suna. "Le Conseil militaire et les forces de la Déclaration de liberté et de changement ont également accepté de se réunir samedi (aujourd'hui) pour étudier et ratifier le deuxième document, la déclaration constitutionnelle." Les discussions avaient commencé jeudi et ont duré jusqu'à l'aube, selon la presse locale. La copie du projet final de l'accord sur la période de transition devrait être rendue publique dans les prochains jours, ont promis les parties soudanaises qui se sont entendues, le 5 juillet, sur la formation d'un gouvernement civil souverain de 11 membres, dont cinq sont des militaires. L'accord conclu sous médiation de l'Ethiopie et de l'Union africaine prévoit une période de transition de trois ans et trois mois. Un militaire dirigera ledit conseil durant 18 mois, avant de remettre le flambeau à un civil pour ce qui reste de cette période de transition, prélude à une nouvelle ère politique au Soudan, après trois décennies d'un pouvoir militaro-islamiste de Omar al-Bachir. Pour rappel, le processus de négociations entre le Conseil militaire et les leaders du mouvement de contestation au Soudan a connu de nombreux blocages, en raison des tentatives de l'armée de reprendre le contrôle du pouvoir par la force. Le Conseil militaire avait lui aussi interrompu le dialogue de manière unilatérale fin mai dernier, refusant un transfert total du pouvoir aux civils. Mais la pression de l'UA et de la communauté internationale, ainsi que celle de la rue qui continuait à manifester, l'ont obligé à revenir à la table des discussions. La dispersion meurtrière du sit-in de l'opposition devant le QG de l'armée (123 manifestants tués) a mis dos au mur le Conseil militaire de transition, contraint de reprendre langue avec l'opposition et de faire des concessions. Par ailleurs, une "tentative de coup d'Etat" a été déjouée au Soudan, a affirmé jeudi un représentant du Conseil militaire. "Des officiers et des soldats de l'armée ainsi que des membres des Services nationaux de renseignements, dont certains retraités, ont tenté de mener un coup d'Etat", a déclaré dans la soirée le général Jamal Omar, dans une allocution retransmise en direct à la télévision nationale. "L'armée a réussi à déjouer la tentative", s'est félicité le général Omar, ajoutant que 12 officiers et 4 soldats avaient été arrêtés, sans toutefois préciser quand cette tentative avait eu lieu. Une enquête est en cours pour déterminer qui était derrière le coup, a précisé le général. "Il s'agit d'une tentative de bloquer l'accord conclu entre le Conseil militaire de transition et l'Alliance pour la liberté et le changement, qui vise à ouvrir la voie vers la réalisation des demandes du peuple soudanais", a déclaré le général Omar. Lyes Menacer