En tournée au Canada, où est établie depuis quelques années une forte communauté algérienne, pour animer deux conférences sur le mouvement de contestation qui secoue l'Algérie depuis février dernier, l'ancien président du RCD Saïd Sadi n'a pas manqué de commenter la récente initiative du Forum civil pour le changement dont les animateurs ont proposé une liste de treize personnalités pour conduire le dialogue. Selon des propos repris hier par le journal Le Devoir, Saïd Sadi a estimé que "ce forum est une des fausses manœuvres de l'état-major algérien qui cherche à égarer le souffle de la révolution appelant à une rupture radicale". "Pour aboutir, cette révolution pacifique va devoir d'ailleurs se donner une réelle convention, venant de la base, pour analyser les causes à l'origine de la crise et trouver les moyens adaptés pour les dépasser. Les révolutions citoyennes ne peuvent pas faire l'économie de ce genre de représentation", a-t-il dit peu avant d'animer une conférence à Montréal sur le thème "Algérie : révolution inédite ou réveil de l'Histoire ?" et une autre aujourd'hui à Ottawa sur le thème "Quelles issues possibles en Algérie ?". Considérant que "le pays est au cœur d'un moment aussi historique que critique", Saïd Sadi a lancé un appel à la diaspora algérienne pour rentrer au pays et participer à la construction de la nouvelle République dont rêvent les Algériens. Une crise que la détermination et la jeunesse font durer dans le temps et dans laquelle la diaspora algérienne, et plus particulièrement celle du Canada et du Québec, devrait rapidement entrer pour contribuer à conduire le mouvement vers la porte de sortie qu'il réclame", préconise-t-il. Au regard de la diversité culturelle et des différences qui caractérisent les régions en Algérie, Saïd Sadi plaide pour l'adoption du modèle canadien. "Cette république souhaitée pourrait trouver ses inspirations au Canada, un pays proche de l'Algérie, mais éloigné des stigmates historiques qui affligent toujours ce pays d'Afrique du Nord, et dont le ‘parcours constitutionnel' tout comme la diversité de son territoire fédéré dans un tout sont depuis longtemps convoqués par certains pans de l'opposition algérienne pour mettre en perspective l'avenir de leur pays (…). Le contexte canadien est infiniment plus adaptable à la réalité algérienne que ne l'est le modèle de l'Etat centralisé jacobin à la française qui s'est imposé après l'indépendance en rupture totale avec notre histoire, notre sociologie et nos besoins", soutient-il. Par ailleurs, Saïd Sadi a annoncé sur sa page facebook avoir rencontré le député canadien Pierre-Luc Dussault du NPD (Nouveau parti démocrate), auteur de la lettre adressée à son ministre des Finances à la suite de l'information qui lui était parvenue selon laquelle des flux financiers anormaux étaient en train d'être dirigés vers le Canada après le début de la révolution du 22 février. "Le ministre des Finances n'a, pour l'instant, pas fait d'évaluation exhaustive car le dossier implique plusieurs départements, et la période estivale ralentit sensiblement le fonctionnement administratif d'investigation", selon le député. "Le parlementaire canadien a assuré qu'il rendrait également publiques les conclusions du gouvernement fédéral dont il sera nécessairement un des premiers destinataires. M. Dussault s'est dit très sensible aux appels et courriers qu'il a reçus de la part de plusieurs Algériens installés au Canada ou demeurés au pays", a ajouté Saïd Sadi. K. K.
