Nullement intimidés par le ton du dernier discours qu'a prononcé le chef d'état-major, mardi, à l'occasion de la cérémonie organisée en l'honneur des meilleurs lauréats des cadets de la nation aux examens de fin d'année, les Annabis sont encore descendus dans la rue, hier, pour scander : "Dawla madania machi âaskaria". Toujours aussi déterminés à faire entendre leur voix, les habitants de la ville, auxquels se sont joints, à la sortie de la prière du vendredi, ceux de Sidi Amar, d'El Bouni et d'autres communes avoisinantes, ont exigé le démantèlement du système honni et le départ de tous ceux qui en ont fait partie par le passé. En s'entêtant à imposer sa feuille de route à contre-courant de la volonté populaire, le général-major est devenu la cible principale des manifestants qui ont crié jusqu'à en perdre la voix "Ya Gaïd Salah mabqach elaâb ! Sabâa oua thamania solta lechaâb !" (Gaïd Salah arrête ton jeu, le pouvoir doit revenir au peuple), et de manière plus acerbe "Gaïd Salah dégage !". Ces slogans ainsi que ceux demandant l'application de la loi et la libération des détenus d'opinion ont été repris en chœur et pendant deux longues heures par les milliers de citoyens rassemblés sur le Cours de la révolution, ponctués par les youyous stridents des femmes présentes en force, lors de cette marche du refus. Faisant preuve de solidarité agissante, des jeunes et des moins jeunes drapés dans l'emblème national ont encadré la procession, distribuant des bouteilles d'eau et des confiseries aux manifestants dont certains avaient du mal à supporter la chaleur. Une fois encore, la presse et notamment les chaînes satellitaires Ennahar et Echourouk ont été prises à partie par les Annabis. Ces derniers n'ont cessé, en effet, de clamer "Sahafa chiyatine" (Presse aux ordres) et "Goulou li sarrakine manach habsine" (Dites aux voleurs que nous ne nous arrêterons pas) à l'adresse des journalistes de ces chaînes et de ces journaux.
