Les syndicats et les organisations professionnelles brandissent d'ores et déjà la menace d'un retour aux actions de protestation. Cuirassé par un mouvement de protestation populaire inébranlable, le front social s'annonce des plus fébriles en Algérie. La prochaine rentrée sociale devra connaître une effervescence extrême à la suite des menaces d'actions de contestation, de grèves, de marches et de sit-in proférées par les syndicats et autres organisations professionnelles. La remontrance la plus persistante vient du Syndicat national autonome des personnels de l'administration (Snapap) qui fait part de l'ébullition qui caractérise le secteur public ces jours-ci, à cause des salaires — jugés très bas — que perçoivent les travailleurs. Selon le chargé de communication du Snapap, Djilali Hamrani, il existe certains secteurs qui subissent une injustice sociale, notamment pour les revenus des employés. "Les travailleurs relevant du secteur public économique sont bien payés en comparaison avec ceux de la Fonction publique", constate-t-il. Les pouvoirs publics doivent, estime-t-il, ouvrir le dialogue pour revoir la politique salariale, surtout en ce qui concerne les primes dont bénéficient quelques travailleurs et pas d'autres. Ainsi, le "dossier des salaires sera de nouveau rouvert avec force dès la rentrée sociale prochaine", promet M. Hamrani. Cette question touchera 36 secteurs différents, affiliés à la Fonction publique. Les travailleurs ne cachent pas leur colère, surtout après la prime de l'Aïd de 80 000 DA qu'aurait octroyée Naftal à ses personnels, alors qu'au sein de la Fonction publique, la mensualité de certains employés ne dépasse pas, dans le meilleur des cas, 18 000 DA. L'autre organisation qui se veut aussi menaçante est la Confédération des syndicats autonomes (CSA) qui envisage sérieusement de réagir face à la situation qui prévaut actuellement dans le pays. Même si rien n'est encore décidé dans ce cadre de manière officielle, il n'en demeure pas moins qu'à l'unanimité, les 13 syndicats représentant les différents secteurs de la Fonction publique, et qui constituent cette Confédération, n'écartent pas le recours à des grèves et des marches dès la rentrée. La Confédération ne cesse d'appeler les travailleurs à se mobiliser pour faire réussir cette protestation et de soutenir le mouvement populaire jusqu'à faire valoir les revendications du peuple algérien. L'université ne sera pas en reste puisque les enseignants et les étudiants ont décidé d'accompagner le peuple dans son soulèvement pacifique. Des débrayages et des rassemblements sont également programmés dès la rentrée universitaire dans l'enceinte des établissements et des centres universitaires du pays. Outre les revendications socioprofessionnelles, toutes ces organisations exigent à travers leurs manifestations un changement radical du régime politique dans notre pays. Appréhendant la prochaine rentrée sociale et ses répercussions sur la stabilité sociale, politique et économique du pays, le gouvernement a tenu, il y a une dizaine de jours, un Conseil interministériel élargi, présidé par le Premier ministre, consacré à ce sujet. Il est question, en effet, d'examiner les préparatifs des rentrées sociale et pédagogique.