Sans pour autant parler de rush, il y a lieu de signaler le flux important de véhicules tunisiens venant en sens inverse, auxquels il faut ajouter ceux transportant des familles algériennes de retour chez elles. Il y a beaucoup de monde sur la RN44 Est, ce jeudi, premier week-end d'août, la journée étant de toute évidence consacrée par les familles aux vrais départs en vacances, en Tunisie, maintenant que la Coupe d'Afrique des nations est achevée et que les résultats des examens de fin d'année sont connus. À voir les plaques d'immatriculation des véhicules qui se pressent sur la chaussée, on se rend vite compte que les familles d'Annaba sont les plus nombreuses à emprunter cet axe routier qui mène vers les postes frontaliers, celui algérien d'Oum T'boul et tunisien de Melloula, avant d'arriver à Tabarka. Voie de communication privilégiée, cette Route nationale, dédoublée et parfaitement sécurisée sur pratiquement toute sa longueur, offre l'avantage de plonger prématurément celui qui l'emprunte dans une délicieuse ambiance de quiétude morale, mêlée de fierté. On le serait pour moins, en effet, avec les paysages magnifiques qui l'entourent, et ce, dès qu'on commence à longer les localités de Sidi Kassi, de Bouteldja et d'El-Tarf. Des forêts de pins, de chênes-lièges, de bruyères s'étendent à perte de vue des deux côtés du macadam ; incursion sylvestre que viennent agrémenter ces plans d'eau que sont le lac des Oiseaux, les marais de la Mékhada et ces espaces de jeux en plein air, dont le nombre s'accroît au fur et à mesure que l'on se rapproche d'El-Kala. Des atouts naturels inexplorés Cette ville balnéaire dépassée, nous nous engageons sur le bitume de la route qui mène vers le poste frontalier d'Oum T'boul. Un tronçon sinueux de 12 kilomètres en pleine montagne avec, en toile de fond, quelque 800 mètres plus bas sur notre gauche, la grande bleue dans toute sa splendeur, des criques sauvages et des plages de sable blanc. En immersion dans ce décor de carte postale, on en vient à se demander pourquoi ces atouts touristiques naturels uniques ne sont-ils toujours pas exploités côté algérien, alors que le pays voisin en a fait des centres touristiques les plus fréquentés et les plus rentables pour son économie ? La réponse à ce questionnement coule de source pour celui qui a visité la Tunisie et qui a pu se rendre compte des efforts consentis par les habitants de ce pays, où la nécessité fait loi, pour attirer de plus en plus de touristes. Nous ne sommes plus qu'à 5 kilomètres de la localité de Souarekh et la circulation se fait plus lente à cause du grand nombre de voitures qui se suivent dans la direction du poste d'Oum T'boul tout proche, maintenant. Sans pour autant parler de rush, les pics de fréquentation de la RN44 étant attendus pour les jours prochains, il y a lieu de signaler le flux important de véhicules tunisiens venant en sens inverse, auxquels il faut ajouter ceux transportant des familles algériennes de retour chez elles. Nous saurons plus tard dans la journée, que plus de 2 100 passagers entre ressortissants étrangers et algériens ont traversé le poste frontalier d'Oum T'boul dans le sens du retour contre près de 5 000 dans celui de l'aller, en ce premier jour d'août. Des chiffres provisoires que nous avons pu recueillir vers 14h et qui pourraient passer du simple au double durant l'après-midi et la soirée, nous confie un agent des douanes, en rappelant que le nombre de passagers dans le sens des départs a dépassé les 10 000 par jour, l'an dernier à la même époque. Renforcement des contrôles Il est midi trente, lorsque nous arrivons en vue des bâtiments du poste frontière, et là, le ralentissement, que nous appréhendions, se transforme en un véritable bouchon de plusieurs centaines de mètres. Les véhicules roulent à très petite vitesse, pare-choc contre pare-choc presque, mais sans pour autant s'arrêter, ce qui nous rassure. Pour notre bonheur, comme pour celui des autres automobilistes, l'accueil est avenant de la part des policiers chargés de la réception, qui nous invitent à présenter nos documents de voyage avant de nous orienter vers la salle des guichets. À ce niveau, nous constatons que les choses se passent plutôt vite, les éléments de la Police des frontières étant présents en force pour faire face à la situation. Les voyageurs se présentent les uns après les autres à l'un des guichets de police où un agent vérifie leur identité via un système informatique avant d'apposer le cachet sur leurs passeports. Une opération qui, d'habitude, prenait un temps énorme, alors que là, elle se déroule si rapidement qu'on a peine à le croire, surtout qu'elle épargne aux membres d'une même famille de faire la queue devant le comptoir de contrôle. Les douaniers aimables, mais vigilants Même chose au guichet des services de la douane, où des mesures de facilitation sont prises sur instructions de l'inspection divisionnaire de la wilaya d'El-Tarf pour les voyageurs à bord de leur véhicule durant la saison estivale, nous explique-t-on. "Ainsi, un couloir vert est destiné aux familles, aux personnes à capacité réduite et aux personnes âgées, leur permettant de bénéficier d'un traitement privilégié et d'accélérer leur passage au niveau du poste. Le véhicule du voyageur est répertorié et un document est octroyé attestant de son entrée effective sur le territoire tunisien. La procédure d'établissement du titre de passage en douane, le fameux TPD, est autrement plus rapide depuis qu'elle est assistée par ordinateur. Outre l'informatisation, le nombre d'agents affecté au contrôle des véhicules et des personnes a été augmenté, afin d'assurer une meilleure prestation de services", indique l'un des adjoints de l'inspecteur divisionnaire, qui a eu l'amabilité de nous fournir des éclaircissements sur le rôle des douanes. Notre interlocuteur ajoute que si l'on fait tout pour faciliter le passage aux usagers des postes frontières, la veille et la vigilance sont constamment de mise, s'agissant surtout de la protection de l'économie nationale et de la lutte contre les trafics en tous genres. Il nous fera part de saisies de psychotropes, de Lyrica en particulier, et des tentatives d'exportation frauduleuse de devises, qui ont été nombreuses ces derniers mois. "Outre le trafic de carburant, qui est devenu quasi nul, nos services ont mis en échec plusieurs tentatives de contrebande, qui ont concerné l'exportation par des nationaux et par des Tunisiens de pâtes alimentaires, d'huile, de lait pour enfants, de jus de fruits et de pièces de rechange, entre autres", se félicitera-t-il. Répondant à une dernière question relative aux supposés actes de maltraitance dont auraient été victimes les touristes algériens dans certains établissements hôteliers à Tabarka, à Sousse, à Hammamet et à Monastir, comme l'ont rapporté certains internautes, l'officier des douanes affirme qu'il n'en est rien, du moins à sa connaissance. "Nos ressortissants de retour de ce pays s'estiment satisfaits de leur séjour et ne tarissent pas d'éloges sur l'accueil qui leur a été réservé par les Tunisiens", arguera-t-il encore.