De nombreux opérateurs économiques se plaignent ces derniers mois d'une mévente de plus en plus soutenue, voire préoccupante, de leurs produits. Les producteurs activant dans les filières agroalimentaires notamment font état d'une baisse d'environ 70% de leurs ventes. Les observateurs très au fait du marché national expliquent cette nouvelle donne par la baisse flagrante de la consommation dans notre pays. Celle-ci, cependant, est qualifiée par les économistes de véritable levier de croissance pour un pays. L'Algérien, au revenu modeste, ne peut plus désormais suivre la cadence accélérée qui caractérise l'inflation en Algérie. Les prix des produits et des services ont connu une hausse considérable ces dernières années à telle enseigne que la vie est devenue de plus en plus chère. Les méfaits de la crise à laquelle est confronté le pays n'ont pas été sans conséquences sur le quotidien du citoyen. Son pouvoir d'achat ne cesse de s'éroder face à une inflation et une cherté de la vie impitoyables. Si la courbe des prix des produits alimentaires très prisés a suivi une tendance haussière, celle des salaires, en revanche, a stagné depuis 2012. Les dépréciations successives qu'a connues le dinar ces dernières années n'ont fait qu'envenimer la situation. Cette impuissance des ménages face à la hausse des prix a impacté évidemment l'activité commerciale puisque le chiffre d'affaires d'innombrables opérateurs a nettement chuté. De l'avis de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), le salaire ne doit pas être au-dessous des 60 000 DA par famille de cinq membres. Or, l'Algérien perçoit en moyenne un salaire estimé à 30 000 DA. Une rémunération qui ne peut lui garantir des conditions de vie acceptables. "La famille algérienne est en perpétuelle difficulté financière qui commence dès le mois de Ramadhan, se poursuit durant les fêtes de l'Aïd el-Fitr et de l'Aïd el-Adha et la saison estivale jusqu'à la prochaine rentrée scolaire et sociale", observe le président de l'Association des consommateurs (Apoce), Mustapha Zebdi. Ce sont autant de "secousses sociales" mettant la famille algérienne dans une véritable "gêne financière", quand bien même les prix des produits de base, la santé, l'éducation et les produits énergétiques resteraient jusqu'ici subventionnés par l'Etat. Cependant, cette politique de soutien aux prix pourrait ne pas être durablement soutenable compte tenu des tensions financières que traverse le pays. D'où la nécessité de revoir impérativement la politique salariale en Algérie. Selon certaines études, 70% des citoyens perçoivent moins de 20 000 DA par mois, consacrant plus de 80% de ce modeste revenu aux biens de première nécessité. Badreddine KHRIS