Bouarour Saïd, Mezouane Abderrezak ou encore Meziani Nesrine se sont réunis autour de cette exposition-hommage à l'artiste-peintre Mohamed Nedjar, où il est question de mosaïque, de calligraphie et d'art figuratif. Ils sont au nombre de vingt ! Un peu comme l'étaient les vingt compagnons d'Hercule lorsqu'ils dérivaient jusqu'aux rives des îlots d'El-Djazaïr pour y cueillir les pommes d'or des Hespérides à l'ère de l'Eikosi. Tout comme les navigateurs d'antan qui quêtaient avant eux l'île-refuge où il y a "l'oiseau et la mer" de Dweib Mariam, il y a vingt enlumineurs qui se sont amarrés depuis le 8 août dernier (et jusqu'au 31 août) sur l'île aux Mouettes, où avant eux, les compagnons d'Hercule avaient crayonné les jalons à l'ère de l'Icosim. Soit à l'endroit où est érigé peut-être le palais des Raïs. Non qu'il s'agit de cueillir des pépites précieuses. Que nenni ! du fait que nos vingt enlumineurs ont pour but de tisser une "Mosaïque d'été" ou "L'œuvre parlera" ou priera pour le retour de l'artiste-peintre Mohamed Nedjar, ce déllys(cieux) aîné de Dellys (ex-Rusuccuru). D'où "le rêve" d'un "bain nocturne" sur les rives de cette "Andalousie berbère oubliée". Non qu'ils naviguaient à vue, mais à la signalisation de "l'aoucham" ou l'allusionnel qui est dûment repéré au "log" ou le livre de bord du raïs Hamouche Noureddine. Et puisqu'on est près du ressac du rivage de R'mila à Bab El-Oued, on eut dit que le bleu pastel de la mer a envahi l'ouast-eddar du Bastion 23 où "la joueuse du r'bab" de Kefsi Ali est à l'accueil du trio de maitres-artistes de la çanaâ dont les frères Fekhardji Mohamed (1896-1956) et Abderrezak (1911-1984) ainsi que le chantre du gharnati Cheikh Larbi Bensari (1867-1964) et le hazzab Mahieddine-Bachtarzi (1897-1986) qu'a immortalisé Labidi Ali dans la bulle des raïs si bleue d'un ton pastel. À ce propos, l'été s'exalte de l'alliage de l'épais trait mystique de la calligraphie à l'esquisse bleuie de la "farandole des eaux" de Boukeroui Tahar où tournoie l'artiste-peintre en quête de l'inspiration mais aussi de son destin. Inspiré sans doute à l'instinct du moment, il se dégage de la limpidité de l'ondulation des vagues, l'iode magique d'où s'extraient d'autres tonalités que la mer emprunte au ciel. C'est le cas de l'autre toile d'Ali Kefsi où le pêcheur ou plutôt le saint ouali Dada qui hale El-Djazaïr El-Mahroussa à bord d'un chebek (navire) en proie à la houle. Autre brin d'esthétique, le bleu poissonneux de Boucetta Mustapha enjolive le zelidj-bhidj (céramique) de l'atrium du palais des raïs. Au demeurant, les "vingt" ont inoculé au palais, l'âme chantante de "l'Algéroise, cette joueuse du luth" qui veille sur "la discrétion d'un conclave dans une ghorfa" de Saâdi Saâdi. C'est dire que le "paon" et "le combat de maître coq" d'Adjaout Mostefa s'irisent aux couleurs de l'arc-en-ciel et s'accompagnent au thème musical d'Ahmed Malek (1931-2008) du film Béni-Hendel ou les déracinés (1977) de Lamine Merbah. Donc autant inviter l'aoûtien à aller au Bastion 23 pour y admirer l'alchimie du splendide conçu de l'amalgame de la calligraphie, du figuratif et des m'rafaâ (étagères traditionnelles) qu'ont construits les artistes-peintre Hachemi Ameur, Cherih Djazia, Bouarour Saïd, Mezouane Abderrezak, Meziani Nesrine, Zerka Mokrane, Ben Halima Menad, Daoud Med, Mouzaoui Mouna,. Louhal Nourreddine