"Nous ne prendrons pas en otage le Parlement, tel que véhiculé par certains médias. Mais nous ne renoncerons pas à notre droit d'être partie prenante du dialogue", nous déclare un cadre du RND. Il corrobore le tweet de la veille d'Azzedine Mihoubi, secrétaire général par intérim du parti. Ce dernier, sur son compte du réseau social, a démenti "catégoriquement que le parti aurait envisagé cette possibilité, et je renouvelle mon soutien aux efforts du panel et ma disposition à concrétiser ses résolutions". Selon des écrits de presse, le secrétaire général du FLN, Mohamed Djemaï, aurait menacé le panel conduit par l'ancien président de l'APN, Karim Younès, de bloquer, par le truchement de la majorité parlementaire à l'Assemblée nationale et au Conseil de la nation, tous les projets de loi découlant des accords issus du dialogue si le Front n'est pas partie prenante du processus en amont et en aval. Il y aurait associé ses partenaires politiques traditionnels dans le cadre de l'alliance présidentielle. La démarche, si avérée, est, certes, à haut risque pour des formations politiques en grandes difficultés au plan organique et honnies par le peuple en insurrection à cause de leur soutien indéfectible, souvent abusif, au régime de Bouteflika. C'est ce qui explique, probablement, la volte-face des dirigeants du FLN et du RND, qui ont tenu à démentir l'information afférente à un chantage qu'ils auraient exercé sur le coordinateur du panel. Ils n'admettent pas, pour autant, leur exclusion annoncée du dialogue. En sus du tweet de l'ancien ministre de la Culture, le Rassemblement a diffusé, mardi, en fin de journée, un communiqué au contenu ambivalent. Il estime que "l'intérêt suprême du pays est au-dessus des intérêts politiques et partisans étroits". Il donne l'impression, à première vue, de se résigner à rester en retrait pour ne point compromettre l'initiative de dialogue pilotée par un panel de personnalités indépendantes. Il se remet, néanmoins, très vite en orbite, en soulignant que "l'intérêt du pays exige (aussi) l'adhésion de tous les acteurs de la classe politique et de la société civile pour concrétiser le consensus requis". La même stratégie de communication est adoptée par le FLN qui a réitéré "sa contribution de façon positive à toutes les solutions proposées dans le cadre de la loi et de la Constitution". Plus direct, Abderrahmane Belayat a déclaré, à un site électronique, qu'aucune "personne n'a aujourd'hui l'autorité d'exclure le FLN de quelque démarche ou dialogue qu'entreprendrait l'Etat". L'encadrement du FLN, autant que celui du RND, ne réalise pas encore, en toute vraisemblance, qu'ils ne sont plus les piliers du régime, mais plutôt ses boulets. Ils ne pèsent sur l'échiquier politique que par le nombre de leurs élus, dont les mandats (au Parlement et aux Assemblées locales) sont contestés. La rue ne veut plus entendre parler de ces sigles, associés à la fraude, à la corruption et à une propension à servir, sans état d'âme et sans aucune éthique politique, les multiples mandats du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Un dialogue, incluant les quatre membres de l'alliance présidentielle, ne sera ni crédible ni fédérateur, quels que soient ses instigateurs. C'est probablement pour donner une infime chance au panel de réussir sa mission après le refus du général de corps d'armée de satisfaire les préalables, que Karim Younès a pensé à les exclure. Souhila Hammadi