Le chef de l'Etat évoque, pince-sans-rire, un dialogue "favorablement accueilli par l'opinion publique et enregistrant une adhésion et un soutien croissants de la part des acteurs de la scène politique". Dans un message diffusé en nocturne (22h08) par l'agence officielle (APS) à l'occasion de la célébration de la Journée nationale du moudjahid (20 Août 1956), non lu, par ailleurs, au Journal télévisé de 20h de l'"Unique", le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a dressé un état des lieux des plus "éloquents" du dialogue, mais surtout de la démarche du pouvoir à vouloir, coûte que coûte, aller vers l'élection présidentielle dans les plus brefs délais, sombrant, du coup, dans un déni des réalités par rapport aux revendications populaires et à la démarche de dialogue conduite par le panel de Karim Younès. M. Bensalah évoque, pince-sans-rire, un dialogue "favorablement accueilli par l'opinion publique et enregistrant une adhésion et un soutien croissants de la part des acteurs de la scène politique". En balayant d'un revers de la main la forte mobilisation citoyenne qui, depuis le 22 février dernier, n'a pas cessé de revendiquer pacifiquement une transition politique et un changement radical du système et du régime, M. Bensalah a, encore une fois, botté en touche, affirmant qu'il a toujours appelé à "un dialogue national sérieux, élargi et sans exclusion en tant que voie garantissant au peuple algérien le droit de choisir le président de la République, le plus rapidement possible". On avait l'impression que M. Bensalah était hors planète Algérie et n'aurait jamais vu et/ou entendu la voix des étudiants et celle des Algériens qui investissent, chaque mardi et chaque vendredi, les espaces publics pour réclamer l'instauration d'une deuxième république et un Etat de droit. Pour le chef de l'Etat, "tout un chacun convient que la voie du dialogue est la seule et unique à permettre de surmonter la situation actuelle et partage la conviction de l'impératif de cette démarche, favorablement accueillie par l'opinion publique et enregistrant une adhésion et un soutien croissants de la part des acteurs de la scène politique". Il ira jusqu'à encenser le panel que dirige Karim Younès et a présenté cette instance comme l'unique et l'ultime mécanisme pour arriver à une issue de sortie de crise. En la qualifiant d'"instance souveraine et entièrement indépendante", M. Bensalah donne cette nette impression d'un chef de l'Etat complètement détaché de la réalité en faisant de l'élection présidentielle son unique obsession, tout en faisant adhérer, à sa manière, "la majorité du peuple et des forces politiques" pour présenter cette joute électorale comme la seule "solution urgente à même de garantir à notre pays un nouveau départ avec des institutions constitutionnelles pleinement légitimes". Et c'est en ce sens que le chef de l'Etat s'est dit "convaincu" des "développements positifs et encourageants que connaît la scène nationale", arguant que les avancées constatées constituent "la preuve de la capacité de notre grand peuple, qui a réalisé des miracles, à s'inspirer de son génie collectif pour surmonter la conjoncture actuelle".