Dès lors que l'on met le pied ici-bas, sachez que la mort est au bout d'un cheminement pas aussi long que ça et toujours très court. Donc, il serait illusoire de déficeler l'existence de ce bas monde qui ne tient en réalité qu'à un fil lié à la "Faucheuse" de la dame fossoyeuse. Alors, pressenti qu'il est au bout du rouleau, eu égard à l'irrémédiable sentence de la blouse blanche, l'homme tente d'utiliser à bon escient le début de ce qui lui reste à vivre, à l'écriture. À ce propos, le livre intitulé Confessions d'un écrivain pas tenté de Samira Merbah (éditions Casbah) éveille en nous l'audace de lier un lien d'inventivité pour s'épanouir dans l'idée d'être là pour nos proches. D'où la quête de l'ego identitaire qui éveille également en soi l'envie de vivre et d'aller jusqu'au bout de son destin. Seulement voilà, l'épreuve de la vie et l'adversité de l'envieux sont ce qu'elles sont et forgent l'âme qu'il y a en chacun de nous, a-t-on su de l'auteure venue à la librairie du Tiers-Monde pour une rencontre avec ses lecteurs lors de l'après-midi du 24 août. "C'est l'histoire d'un homme qui est surpris par la maladie alors qu'il n'est qu'au printemps de sa vie. Résolu de faire bon usage du reliquat résiduel que lui a accordé la dame en noir, le mourant se plaît à tremper sa plume dans le surplus de ses derniers jours, qu'il se remémore sur son court chemin, qu'il a décidé de refaire à l'envers et jusqu'à l'extinction de ses vingt-sept printemps", a déclaré notre interlocutrice. "Mais quand on a juste vingt-sept ans, on n'a pas le cœur assez grand pour y loger toutes ces choses-là", sommes-nous tenté de mêler ce refrain de Daniel Guichard au générique de fin de vie d'"un écrivain pas tenté". Mais qu'importe l'âge alors que la mort est au bout de sa plume, qu'il trempe dans l'autocritique de son passé, qu'il convoque et qu'il analyse d'un regard intérieur dans un livre testamentaire. Au demeurant, le flot de confessions irrigue l'ultime cycle d'une vie si courte mais suffisante pour visser l'âme en soi et retarder le voyage vers l'ultime demeure. Toutefois, l'ouvrage fictionnel est né à l'état embryonnaire au pays de Tintin (Belgique) et a été maturé au lointain pays du Caribou (Canada), a tenu à préciser cette ingénieure dans l'industrie. Au demeurant, l'écrivain de fiction a fort à faire en attendant d'opérer le grand écart de la vie à la mort et que la mort n'attend pas. Donc, lire les élucubrations de l'écrivain de Samira Merbah qui s'égare dans les dédales de l'introspection, c'est aussi l'envie de portraiturer l'image de soi, de sa personne. Pour conclure, osons la maxime : "N'est-ce pas qu'écrire c'est partager son imaginaire avec autrui ?" Et c'est d'ailleurs le cas de l'écrivaine Samira Merbah qui nourrit son inventif fictionnel de l'excès de lecture qu'elle a stocké dans sa mémoire.
Louhal Nourreddine
Confessions d'un écrivain pas tenté, de Samira Merbah, éditions Casbah 2018.