L'annonce du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, de convoquer le corps électoral, pour le 15 septembre prochain, ne semble pas susciter un quelconque intérêt de la classe politique qui, par ailleurs, peine à s'organiser et à trouver une solution à la crise que traverse le pays depuis le 22 février dernier. Et pour cause, une annonce de grande d'importance, à savoir celle d'accélérer la démarche du pouvoir à abréger les délais pour l'organisation de l'élection présidentielle, n'a pas suscité la moindre réaction des partis politiques qui observent un incompréhensible silence. Hormis la réaction sur les réseaux sociaux du président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, et de celle de tous les Algériens d'ailleurs, aucune réaction officielle assumée d'un parti, d'une organisation, d'une association ou encore d'un bloc politique, comme les dynamiques de la société civile ou encore les Forces de l'alternative démocratique n'est venue éclairer l'opinion publique ou adopter une position par rapport à une annonce qui a surpris les Algériens. On a l'impression que les partis s'éloignent de la scène politique, alors que la situation dicte davantage de diligence et d'implication pour enrichir le débat pour faire valoir les revendications d'un peuple qui continue d'exiger une transition démocratique. Seulement deux partis, à savoir le Rassemblement national démocratique (RND) et le Front de libération nationale (FLN), ont réagi et ont assumé officiellement, comme d'habitude, leur soutien aux orientations de Gaïd Salah et à la feuille de route du système qui se régénère sous le regard d'une opposition placide. Il faut aller sur les réseaux sociaux pour trouver quelques réactions émanant de certains militants et activistes politiques, mais qui n'engagent nullement leurs partis respectifs. Cette absence des acteurs, censés animer la scène politique, donne l'impression que les formations politiques sont à bout de souffle ou dépassées.En affichant un sentiment s'apparentant à une résignation, les acteurs politiques, habitués à occuper les espaces publics et médiatiques, semblent manquer d'imagination et de stratégie pour accompagner la mobilisation populaire qui défie et accule le système et ses symboles depuis le 22 février dernier. Car, à l'évidence, le 22 février devait constituer une opportunité historique pour la classe politique, afin de mieux se redéployer et constituer une force de propositions, mais on ne peut que constater qu'autant la population tient son destin en main en bravant tous les obstacles et l'appareil répressif pour marcher, autant la classe politique recule à chaque fois que l'administration vient à lui refuser des autorisations pour organiser une activité. Car, à l'évidence, ce silence pourrait être interprété comme un signe d'abdication d'une classe politique face à un pouvoir qui ne compte pas lâcher prise. FARID BELGACEM