L'accord conclu entre l'Union africaine et le Rwanda apporte une solution dans le court terme à la crise des migrants et réfugiés en Libye. Car le mal est profond et nécessite une solution politique et économique. L'Union africaine a conclu hier un premier accord avec le Rwanda et le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) pour l'accueil des réfugiés et demandeurs d'asile africains actuellement bloqués en Libye, ont annoncé les parties signataires lors d'un point de presse au siège de l'organisation panafricaine à Addis-Abeba. "Nous recevrons un nombre initial de 500 (personnes) dans quelques semaines", a déclaré Hope Tumukunde Gasatura, représentante permanente du Rwanda à l'UA. Ce premier groupe sera composé essentiellement de réfugiés issus de la très instable région de la Corne de l'Afrique, a souligné un communiqué commun de l'UA et du HCR. Les concernés seront accueillis à Kigali, mais de manière temporaire avant leur relocalisation dans d'autres pays ou leur renvoi dans leurs pays d'origine s'ils le désiraient. Le Rwanda affirme que certains réfugiés pourraient formuler des demandes d'asile s'ils souhaiteraient y demeurer. Ce sera au cas par cas, souligne Germaine Kamayirese, la ministre rwandaise chargée des mesures d'urgence. L'ONU estime que 42 000 réfugiés africains se trouvent actuellement en Libye, a affirmé Cosmas Chanda, représentant du HCR auprès de l'UA. "Nous avons désespérément cherché des solutions pour ces gens (...), de moins en moins de pays à travers le monde sont prêts à accueillir des réfugiés", a-t-il dit. Mais sur ce chiffre, le nombre de réfugiés désirant rester sur le continent est minime, après avoir risqué leur vie pour atteindre l'eldorado européen. Le gouvernement rwandais se dit prêt à accueillir dans son centre de transit jusqu'à 30 000 Africains bloqués en Libye, mais uniquement par groupes de 500, afin d'éviter que le pays ne soit débordé. Certes, dans le contexte actuel, une telle opération soulagerait les camps de détention surchargés et aux conditions inhumaines en Libye. Mais cela ne réglera pas cette crise, notamment en Libye où se trouvent coincés actuellement plus de 800 000 migrants et réfugiés, selon des chiffres officiels, mais non exhaustifs. Ces candidats à l'immigration clandestine vers l'Europe attendent seulement le moment venu pour tenter leur chance de traverser la Méditerranée, malgré le risque de noyade ou d'arrestation par les garde-côtes libyens. Autrement dit, une telle option règle le problème à moitié, en l'absence de solution politique en Libye et d'un véritable engagement européen dans la lutte, en amont, contre le flux migratoire vers le Vieux continent, comme l'ont suggéré à maintes reprises des experts, des universitaires et les organisations de défense des droits de l'homme. Lyès Menacer