Rien que pour cet été, il a été enregistré 177 unions. Le service de l'état civil de l'APC a enregistré cette année une hausse remarquable d'unions sacrées. Il en est de même durant les six premiers mois de l'année en cours. Le chiffre qui nous a été communiqué par Mourad Sadou, vice-président de l'APC, est plus que révélateur. Selon cet élu, 177 unions dont un mariage mixte ont été enregistrés au 30 août dernier. Ce chiffre pourrait encore augmenter dans les prochains mois de l'année 2019, selon les prévisions qui ont été communiquées par le service de l'état civil. Ces dernières années, en effet, de nouvelles dispositions de loi recommandent l'inscription du mariage avant l'organisation de la cérémonie religieuse, la fatiha, avons-nous appris auprès des services communaux. Aucune explication ne nous a été toutefois fournie pour comprendre ce phénomène de courbe ascendante des mariages, alors que, d'ordinaire, elle reste plutôt moyenne. Les jeunes de la région d'Ath Yedjar ont, traditionnellement, tendance à prolonger leur célibat au-delà de trente ans, mais ces dernier temps, on enregistre souvent des mariages à un âge jeune, à savoir 24 pour le garçon et 18 pour la fille. Par ailleurs, certains mariages ont été carrément arrangés par les parents des deux enfants, ce qui est un choix assez rare de nos jours. Toujours est-il, le nombre de garçons célibataires dans la daïra, âgés entre 30 et 45 ans, voire 50 ans, est en perpétuelle augmentation, alors que celui des jeunes filles est encore plus important. Une femme diplômée de l'université, 36 ans, employée, interrogée sur ce phénomène du célibat, dira : "Les problèmes majeurs qui empêchent les jeunes de se marier, c'est surtout le chômage et le manque de logement. À cela, il faut ajouter le manque de maturité, du côté des garçons, ce qui décourage les filles. Les femmes veulent des hommes qui prennent des décisions. Beaucoup de jeunes garçons sont tétanisés à l'idée de fonder un foyer, sachant que le mariage réduit considérablement leurs espaces de liberté. Il faut ajouter à cela la détresse, l'ennui, le stress qui met le jeune en veilleuse. Il est hanté à l'idée d'atteindre un certain âge sans être marié, une qualité mal perçue en Kabylie à partir d'un certain âge." Cortèges nuptiaux somptueux Cette année, le spectacle des cortèges nuptiaux sur le CW251 est devenu quotidien mais aussi de plus en plus exubérant. Pour certains, les bruits assourdissants des voitures sont devenus quelque peu "agressifs". Chaque nouveau marié tente de rivaliser en somptuosité avec le plus long cortège nuptial. En tête du cortège d'abord une fourgonnette ou une camionnette sur laquelle s'installent des caméramans et des photographes, suivie tout près de la voiture de la mariée recouverte de fleurs. Derrière suit une longue file de véhicules, une cinquantaine pour certains cortèges. Coups de klaxons, décibels assourdissants d'une méga-chaîne hi-fi, youyous stridents de la gent féminine. La troupe des Idheballen, soigneusement enveloppée dans un fourgon aménagé, vient s'ajouter à ce long et laborieux chapelet d'une fastidieuse litanie événementielle. La souffrance s'estompe à l'arrivée de la mariée au domicile conjugal. Durant tout le cérémonial, des garde-fous, hommes ou femmes, de la famille, veillent et surveillent tous les gestes extérieurs susceptibles d'altérer cette union. Le mariage à Bouzeguène qui s'achève dans la soirée perd de plus en plus de sa verve. Le recours aux salles des fêtes, la suppression de la séance du henné… mettront aux oubliettes un immense pan des traditions ancestrales. Dommage. Kamel Nath Oukaci