L'annonce faite par le chef d'état-major de l'ANP, Gaïd Salah, d'opérer un tour de vis supplémentaire sur les marches, en empêchant les citoyens des autres wilayas de rejoindre la capitale n'est pas appréciée par les dynamiques de la société civile. De l'avis du coordinateur national des syndicats algériens, Lyès Merabet, l'affirmation selon laquelle des instructions ont été données pour "l'application de la réglementation en vigueur, y compris, ‘l'interpellation des véhicules et des autocars utilisés à ces fins', en les saisissant et en infligeant des amendes à leurs propriétaires", n'est pas de nature à changer la situation. Pis encore, "nous ne sommes pas sur la bonne voie", a-t-il estimé, avant d'enchaîner : "Honnêtement, je le dis et je le réitère : ‘Nous ne sommes pas dans le bon sens, ce sont des mesures qui ne feront que compliquer encore davantage la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui.'" De retour d'une tournée à l'est du pays où il a présidé des réunions organiques du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le porte-parole de la Coordination des syndicats algériens (CSA), M. Merabet a rappelé que pour la dynamique de la société civile qu'il représente, "il y a une impérieuse nécessité de prendre des mesures de confiance avant toute élection présidentielle, ou autre élection". "Depuis des semaines, nous sommes en train de rappeler en tant que citoyens, syndicalistes ou au nom de la société civile, qu'il faut aller vers un véritable dialogue responsable et dans un climat serein pour apporter des solutions qui rassemblent les Algériennes et les Algériens", a-t-il affirmé dans ce sens. Pour sa part, Saïd Salhi, le vice-président de la Laddh, une organisation membre de l'une des dynamiques de la société civile, a promptement réagi aussi au discours du chef d'état-major de l'armée et vice-ministre de la Défense. "Alger, est la capitale de tou-te-s les Algérien-ne-s", a-t-il écrit sur sa page Facebook, avant de s'interroger : "Nouveau dérapage et nouvelle escalade : illégal, discriminatoire et une atteinte grave à la liberté de circulation. Comment pénaliser des Algérien-ne-s pour le fait d'avoir été à Alger leur capitale ?". Et d'enchaîner, "de quelle loi parle le chef d'état-major, vice-ministre de la Défense nationale pour empêcher les citoyens de se rendre dans la capitale ou de confisquer leurs voitures ou leurs bus ?". Ce principe constitutionnel étant rappelé, le vice-président de la Laddh a affirmé que "seule la justice dans un procès équitable et, dans certaines circonstances légales, peut rendre une décision d'interdiction du mouvement ou de restreindre la résidence d'un accusé. La publication et la mise en œuvre de cette directive sont arbitraires et constituent une violation de la loi et de la Constitution, qui garantit les droits des citoyens, y compris la liberté de circulation". Plus précis encore, il cite l'article 55 de la Constitution qui énonce que "tout citoyen jouissant de ses droits civils et politiques a le droit de choisir librement le lieu de sa résidence et de circuler sur le territoire national".