Amnesty a accusé hier la police hongkongaise d'un recours excessif à la force contre les manifestants pro-démocratie, dénonçant des tactiques incensées et illégales et allant jusqu'à parler de cas de torture. Dans un rapport se fondant sur des entretiens avec une vingtaine de manifestants, dont certains furent hospitalisés après leur arrestation, l'organisation de défense des droits de l'Homme affirme que les policiers de l'ex-colonie britannique dépassent régulièrement les niveaux de force tolérés par les législations locales ou les normes internationales. "Dans une apparente soif de représailles, les forces de sécurité hongkongaises montrent une tendance inquiétante à l'utilisation de tactiques incensées et illégales contre la population pendant les manifestations", a déclaré Nicholas Bequelin, directeur d'Amnesty pour l'Asie orientale. "Elles incluent les arrestations arbitraires et les violences de rétorsion contre les personnes en détention, dont certaines relèvent de la torture". L'association demande la création d'une commission d'enquête indépendante sur le comportement de la police, ce qui est aussi une demande clé des manifestants. L'exécutif hongkongais s'y est cependant toujours refusé. De son côté, la police hongkongaise a balayé les conclusions d'Amnesty et rejeté les accusations selon lesquelles elle ferait un usage excessif de la force. Dans un communiqué, elle a affirmé hier que ses agents font toujours preuve d'un haut niveau de retenue dans l'usage de la force. La police se refuse en outre à réagir à des accusations spécifiques contenues dans le rapport, affirmant "ne pas faire de commentaires sur les cas individuels". L'ex-colonie britannique traverse depuis juin sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession en 1997 à la Chine, avec des actions et des manifestations quasi quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés ou le sentiment d'une ingérence grandissante de Pékin dans les affaires hongkongaises.