L'objectif tracé par les pouvoirs publics pour que la production nationale de médicaments couvre 70% des besoins du pays d'ici à la fin de l'exercice 2019 n'a pas été atteint. L'industrie pharmaceutique locale n'a pu satisfaire que près de 50% de la demande nationale. Cette contre-performance est essentiellement due à un certain nombre de contraintes auxquelles ont été confrontés les producteurs locaux. En partie, cette stagnation enregistrée par les opérateurs locaux a été à l'origine des épisodes récurrents de pénuries et autres perturbations qu'a connues le secteur durant ces dernières années. Certains opérateurs locaux ont décidé de ne pas fabriquer leurs produits étant donné le large différentiel entre le coût de revient et les prix réglementés par l'Etat. Certains fabricants produisent à perte. Cela reste insoutenable pour un investisseur. Pourtant, le marché est évalué globalement, entre importation et production, à plus de 3,8 milliards de dollars. Cela reste insuffisant d'autant plus que de plus en plus de citoyens ont accès aux médicaments à travers le tiers payant (carte Chifa). Ce qui n'était pas le cas il y a de cela quelques années. "Certes, c'est une avancée sociale pour l'Algérie, mais cela a un coût", fait remarquer le Dr Rahem Chafik, un des dirigeants du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo). Autrement dit, le marché exige plus de produits pharmaceutiques et plus d'enveloppes financières pour répondre à cette demande. Une exigence difficile à satisfaire compte tenu de la conjoncture que traverse actuellement le pays, marquée par une baisse des recettes de l'Etat. La crise qui secoue l'Algérie a contraint les premiers responsables des différents secteurs d'activité à s'engager indubitablement dans un processus de rationalisation. Et l'industrie pharmaceutique n'a pas échappé à cette sentence. Une forte tension s'est emparée effectivement de près de 200 médicaments depuis plusieurs mois. Et afin de pallier ces ruptures en continu, le programme d'importation de médicaments pour l'année 2020 a été déposé le 1er juillet dernier auprès de la direction de la pharmacie au ministère de la Santé. Des réunions de la cellule veille, créée pour la circonstance, sont tenues régulièrement afin d'évaluer les obstacles qui entravent la disponibilité des médicaments. Cette tension permanente sur l'offre a été provoquée également par une baisse significative des importations durant les 5 premiers mois de l'exercice en cours. La réduction de la facture du médicament de 547 millions de dollars à la même période de l'année 2018 à 415 millions de dollars en 2019, soit un recul de plus de 24% en valeur, confirme clairement la tendance vers la rationalisation des approvisionnements du marché. Le ministère de la Santé a été instruit, compte tenu de la crise qui secoue le pays, de réviser à la baisse ses dépenses en produits pharmaceutiques, ce qui a engendré de grosses insuffisances dans la couverture de la demande nationale. "Des problèmes structurels liés à la crise financière que subit le pays, des écueils imposés par les banques, des contraintes d'ordre technique et d'autres ayant trait à la réglementation… sont autant d'obstacles qui bloquent l'émergence de l'industrie pharmaceutique en Algérie", souligne le Dr Rahem. Or, le secteur a plus besoin d'une dotation budgétaire conséquente. L'industrie pharmaceutique naissante englobe, faut-il le préciser, quelque 90 producteurs locaux et plus de 100 projets en cours d'élaboration.