Ce fut une véritable réappropriation par le peuple de cette date historique grâce à la magie du "hirak" qui garde ses principales doléances : "Dawla madania, machi âaskaria" (Etat civil et non militaire). La révolution du 22 février renaît avec faste dans la ville des Ponts qui a vibré, hier, au rythme d'intonations hautement revendicatives, attestant qu'à près de quarante jours de l'élection présidentielle prévue le 12 décembre prochain, la mobilisation citoyenne n'a pas cédé face aux menaces et à l'entêtement du pouvoir à aller vers un scrutin improbable. "Makaneche el vote mâa el îssabat" (Pas de vote avec les gangs) et "Chaâb yourid el-istiklal" (Le peuple veut l'indépendance) n'ont cessé de répéter les Constantinois, sortis par dizaines de milliers dans la rue en ce jour de fête, mais aussi de recueillement à la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale. Des initiatives à n'en plus finir, œuvres de citoyens anonymes, étaient au rendez-vous du 37e acte du hirak, lesquels ont damé le pion aux officiels et à la cérémonie "mondaine" tenue la veille par les autorités locales sous une très haute surveillance policière et qui a péché par un caractère expéditif escamotant, y compris l'hymne national, et qui en dit long sur la panique des décideurs. Initiatives qui vont des pensées aux sacrifices des valeureux chouhada, minute de silence, dépôt de gerbes de fleurs, lâcher de ballons, témoignages sur la place publique d'anciens moudjahidine et moudjahidate et autres expositions. Et de ces expositions, il n'est de plus éclatante que celle des marcheurs de ce 1er novembre à travers leurs pancartes et banderoles reproduisant pour la circonstance des portraits de martyrs et héros de la guerre de Libération nationale. Des slogans également, remis plus ou moins au goût du jour, assimilant le soulèvement populaire du 22 février 2019 au déclenchement de la Révolution, le 1er novembre 1954. Aussi, les détenus d'opinion et activistes du hirak emprisonnés n'ont pas été oubliés et l'exigence de leur libération a été réitérée par les marcheurs qui ont requis parallèlement l'indépendance de la justice et la liberté d'expression. En somme, une marche pour "la dignité, la liberté et la justice sociale", un autre slogan qui a résonné hier dans les rue de Constantine qui ne pouvait plus contenir la marée humaine dans laquelle la gent féminine était en force hier. En somme, ce fut une véritable réappropriation par le peuple de cette date historique grâce à la magie du hirak qui garde en vue ses principales doléances : "Dawla madania, machi âaskaria" (Etat civil et non militaire) exprimées crûment ou à travers la stigmatisation des hommes au pouvoir, toujours au cœur de la désapprobation populaire et aussi le rejet total d'une élection présidentielle dans les conditions actuelles du pays et avec le régime politique en place.