Rien ne va au quotidien Le Temps d'Algérie, relevant du groupe Média Temps Nouveaux, dont le patron Ali Haddad est en prison. Hier, les journalistes ont décidé, lors d'un rassemblement organisé devant le siège du journal, de cesser toutes les activités jusqu'à la levée des sanctions prises à l'encontre de quatre de leurs confrères par le directeur de publication, Mouloud Louaïl. Ce dernier a, en effet, interdit l'accès au journal au rédacteur en chef, Saïd Mekla, ainsi qu'à trois journalistes, dont fait partie Aïssa Moussi par qui cette grève, qui ne dit pas son nom, est arrivée. Cet état de fait intervient après que M. Louaïl a convoqué Aïssa Moussi pour lui remettre un questionnaire pour lui demander des explications sur une publication postée sur facebook et dans laquelle il a dénoncé la censure au sein de la rédaction. Devant cette situation, le rédacteur en chef a tenté d'obtenir des explications et d'engager un dialogue avec le directeur de la publication. En vain. Alors qu'approchait l'heure du bouclage, Saïd Mekla et deux autres journalistes se solidarisent avec leur confrère, quittent la rédaction et la confection du journal n'a pas lieu. "Au lieu de dialoguer, il nous envoie des questionnaires. Je lui ai signifié dans ma réponse que sa mesure était absurde", a indiqué Saïd Mekla. De son côté, Aïssa Moussi a dénoncé le climat délétère dans lequel évolue ce journal depuis plusieurs mois. "Nous sommes tous unis contre la censure et le musellement de la liberté d'expression. On n'a pas subi cet arbitraire sous l'ère d'Ali Haddad comme on le vit aujourd'hui. Nous sommes suspendus et interdits d'accès au journal. Nous envisageons d'organiser une assemblée générale où chaque employé aura son mot à dire", a affirmé le journaliste. Celui-ci affirmera que "la rédaction a fait la proposition de dialogue via un agent de sécurité qui jouait l'intermédiaire, car on a décidé de poursuivre le travail, de boucler l'édition d'hier et d'en rester à la seule démarche du questionnaire. Maintenant, le dernier mot revient à l'assemblée générale qui décidera de l'avenir du groupe. Car, il s'agit d'une dictature comme celle que vit notre pays". Contacté par nos soins, le directeur de publication, Mouloud Louaïl, a indiqué qu'il y aura des mesures disciplinaires contre "les gens qui ont abandonné le journal". "Le journaliste Aïssa Moussi a porté atteinte à l'image de l'entreprise en publiant la une du journal sur facebook arguant qu'il y avait de la censure par rapport à l'élection présidentielle, alors qu'il n'y avait pas de prise de position. Ensuite, le rédacteur en chef a réagi pour quitter son lieu de travail. Suite à cet état de fait, je lui ai envoyé un questionnaire. Pour ceux qui ont quitté la rédaction pour laisser tomber la confection du journal, ils feront l'objet de mesures disciplinaires", insiste M. Louaïl. À la question de connaître la nature de ces mesures et le sort du journal, M. Louaïl a affirmé que "le conseil de discipline va statuer sur cette question. Après, on ne sait pas si le journal sortira demain aujourd'hui, ndlr)".