Intitulée "Goya physionomiste", cette exhibition comporte quarante-deux gravures originales du maître espagnol, qui étaient exposées au Musée du Prado à Madrid, réparties sur trois catégories que sont "El Caprichos", "Los desastres de la guerra" et "Disparates". C'est à l'initiative de l'ambassade d'Espagne en Algérie et de l'Institut Cervantès que se tient, jusqu'au 15 décembre prochain au Musée des beaux-arts d'Alger, une exposition sur l'un des plus grands peintres des 18e-19e siècles, l'Espagnol Francisco Goya. Intitulée "Goya physionomiste", cette exhibition comporte quarante-deux gravures originales du maître espagnol, qui étaient exposées au Musée du Prado à Madrid. "El Caprichos", "Los desastres de la guerra" et "Disparates" sont trois séries de gravures entamées à partir de 1796 dont le fil rouge est la physionomie des personnages qui y sont représentés. Car "représenter un visage est un exercice de style et sa reproduction est idéologique", lit-on sur une affiche installée à côté des œuvres. "La face goyesque" s'adresse avant tout au peuple, qui est l'acteur, le témoin puis le spectateur de ces estampes. Goya s'applique à représenter les visages des petites gens, des martyrs de la guerre et la brutalité de celle-ci, en décalage donc avec "les visages inexpressifs des courtisans de son siècle, qui se dissimulent derrière des masques". Le peintre distingue trois catégories de visages, expliquait le commissaire de l'exposition Juan Bordes, qui représentent l'évaluation du caractère de l'homme selon ses expressions et ses traits. "Goya construit, a élaboré trois pans dans sa représentation de la physionomie humaine, qui est l'interprétation du caractère d'une personne à partir de la forme et les expressions de son visage. Au temps de Goya, ces trois catégories étaient : animale, pathologique et caricaturale ou dégradée", a-t-il fait savoir. Cette technique se base sur la déformation (exagération, réduction, ablation) des trois sections du visage, que sont la base des cheveux jusqu'aux sourcils, des sourcils jusqu'à la base du nez et de la base du nez jusqu'au bord inférieur du menton. Chez Goya, le visage de l'homme prend des allures d'aigle, d'âne ou de chien comme dans "Faràndula de charlatanes" (La farandole des charlatans), où une horde de ces hybrides humains-animaux se retrouve retenue par une figure religieuse à la tête d'aigle. Dans la série "Disparates", la mythologie chrétienne est aussi présente, à travers un cheval ailé, ou encore un moine défiguré. "Donde và mamà ?" et "Aguarda que te unten" mettent en avant des figures monstrueuses, tantôt décharnées, tantôt atteintes d'obésité morbide. Goya, qui entamera la réalisation de ses estampes à partir de 1771 avec "Huida a Egipto" (Fuite en Egypte) après son voyage à Rome, emploie les techniques de l'eau-forte et de l'aquatine et pointe-sèche, et donne ainsi naissance à "la gravure romantique et contemporaine de caractère satirique". Yasmine Azzouz