Les journalistes du quotidien francophone Le Temps d'Algérie, relevant du groupe Temps nouveaux, ont appelé, hier, à un rassemblement de solidarité pour mercredi prochain à la maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger. Cette action intervient après que la direction du journal a relevé de leurs fonctions trois journalistes, en l'occurrence Aïssa Moussi, Mohand Ameur Abdelkader et Fella Hamissi, ainsi que le rédacteur en chef, Saïd Mekla, en attendant leur comparution devant le conseil de discipline, prévu au courant de cette semaine, selon le directeur de la publication, Mouloud Louaïl. Hier, les journalistes solidaires avec leurs confrères interdits d'accès à la rédaction ont brandi des pancartes pour dire "Non au harcèlement des journalistes", "Non à la censure", "Le journalisme n'est pas un crime" ou encore "La liberté d'expression ne se négocie pas". Devant le siège du journal où plusieurs confrères se sont joints au rassemblement, le rédacteur en chef, Saïd Mekla, a dénoncé la manipulation du directeur de la publication qui l'avait accusé d'avoir appelé le premier responsable de la SIA pour ne pas imprimer l'édition 3341 du 20 novembre dernier. "C'est un mensonge grossier. Je démens formellement cette information diffusée, aujourd'hui (hier, ndlr), via un communiqué paru en page une du journal. L'opinion publique doit savoir que l'impression d'un journal est du seul ressort du directeur de la publication qui signe l'édition finale à son bouclage avant de l'envoyer à l'imprimerie", a indiqué Saïd Mekla, affirmant qu'il défiait le directeur de la publication d'apporter des preuves de ce qu'il avance. Mouvement islamiste et mouvement populaire Il faut noter que l'édition du Temps d'Algérie a été confectionnée, vendredi, par une équipe très réduite au vu des signatures et des pages au nombre de seize. Les journalistes, eux, toujours solidaires avec leurs collègues, ont refusé de rejoindre la rédaction tant que les sanctions prévues par la direction de la publication ne sont pas levées. Visiblement outrée, Fella Hamissi a révélé que "les journalistes ciblés, dont moi-même, n'avons fait l'objet d'aucune convocation au conseil de discipline. La seule chose que le directeur a faite depuis le début de cette crise a été d'envoyer un syndicaliste, dont nous ne reconnaissons pas la section, pour inviter trois journalistes à rejoindre leur poste de travail, mais pas le quatrième, à savoir Aïssa Moussi, dont la sanction était maintenue. Des gens ont exploité nos signatures lors d'une assemblée générale pour la constitution d'un syndicat UGTA. Ce dernier ira jusqu'à prétendre que nous avions refusé des médiations, alors que nous n'avons jamais refusé de dialoguer". Selon cette journaliste, ladite assemblée générale n'avait pas pour objet de lancer un syndicat, mais de créer un comité de sauvegarde du groupe. Contacté par nos soins, le directeur de la publication, Mouloud Louaïl, a indiqué que "le journal paraîtra toujours avec une équipe réduite jusqu'à ce que les choses soient clarifiées et les personnes concernées par les sanctions seront convoquées pour comparaître devant le conseil de discipline, seule instance habilitée pour se prononcer sur leur cas". Interrogé sur le prétendu appel téléphonique d'un journaliste au responsable de la SIA, M. Louaïl confirme : "Oui, un journaliste a bel et bien appelé la SIA pour dire que l'équipe rédactionnelle a quitté les lieux et que le journal n'allait pas sortir. Quant à la censure dont ils parlent, j'ai leurs archives et vous pouvez les consulter pour constater qu'il n'en est rien." FARID BELGACEM