"Cela fait neuf mois que nous manifestons de manière pacifique et il a suffi de quelques éléments perturbateurs pour réduire nos efforts à néant", ont condamné les participants au rassemblement. Les fâcheux événements qui se sont déroulés mercredi dernier lors du meeting du candidat Ali Benflis à Bouira ont fait réagir la société civile locale qui s'est promptement mobilisée contre la violence. Ainsi, jeudi soir, plusieurs centaines de citoyens de la commune de Bouira ont organisé un rassemblement à la place des Martyrs, afin de dénoncer de manière énergique les dérapages qui ont eu lieu lors de la visite du candidat Benflis et qui ont engendré des scènes de violences inédites depuis le début de la révolution du sourire. "Cela fait neuf mois que nous manifestons de manière pacifique et il a suffi de quelques éléments perturbateurs pour réduire nos efforts à néant", ont condamné les participants à ce rassemblement nocturne. Pour d'autres, il est "nécessaire" de mieux encadrer le mouvement populaire, pour le rendre hermétique et hors de portée de toute tentative d'infiltration et d'éviter toute provocation des forces de l'ordre, qui ne font que leur travail. Pour sa part, un des animateurs du mouvement populaire du 22 février soutiendra qu'"à l'approche du scrutin présidentiel que nous rejetons catégoriquement, des personnes qui n'ont effectué aucune marche depuis 40 semaines tentent de nous discréditer et faire de Bouira un foyer de tension. Nous devons faire barrage à ces velléités". Les manifestants ont reconnu le fait que lors des émeutes de mercredi dernier, la provocation venait de certains éléments qui se disent du hirak. "On doit avoir l'honnêteté de reconnaître que la défaillance était dans notre camp. On n'a pas été assez vigilants pour les débusquer", ont-ils admis. Au terme de leur rassemblement, les manifestants ont réitéré également leur rejet du scrutin du 12 décembre prochain. Par ailleurs, les citoyens de la commune d'El-Esnam (est de Bouira) ont organisé durant la même journée un rassemblement populaire contre l'élection présidentielle du 12 décembre. Des milliers de citoyens se sont en effet rassemblés au niveau de la place publique locale pour dénoncer le "passage en force du pouvoir" et les cinq candidats en lice pour la présidentielle, tout en insistant sur le caractère pacifique de la mobilisation. La plupart des intervenants ont déploré les événements regrettables survenus mercredi lors du meeting du candidat Ali Benflis, tout en lui incombant l'entière responsabilité de ces dépassements. En outre, une marche citoyenne a été organisée dans la foulée de ce rassemblement où des slogans hostiles au système ont été scandés en plus des désormais traditionnels "Ulac l'vot ulac" (Il n'y aura pas d'élections) et "Non aux élections avec la bande", "Système dégage !", "FLN et RND dégagez !", "Sraktou le bled" (Vous avez pillé le pays), etc. Il y a lieu de noter qu'une grève générale touchant les commerces a été décrétée en marge de ce rassemblement.
