La production industrielle, le commerce, l'emploi, l'activité économique dans son ensemble connaît depuis quelques mois un ralentissement généralisé et qui va en s'aggravant. Dans le jargon économique, un tel phénomène peut être défini comme étant une récession, par opposition à l'expansion. En raison de la crise politique en présence, cette dépression économique s'en trouve aggravée par la conjonction de divers facteurs liés, à la base, à l'état de déliquescence de l'économie domestique. Une déliquescence qui se manifeste tant à travers les effets néfastes de la dépendance à la rente du pétrole et du gaz, que par l'absence, depuis toujours, d'un système de bonne gouvernance qui aurait épargné au pays les désastres de la gabegie et de la corruption, dont le procès actuellement en scène à la cour d'Alger n'en rend que vaguement compte. Pour sûr, le climat peu clément qui règne depuis plus de trois trimestres a grandement contribué à accélérer le ralentissement de l'activité économique. Mais que l'on ne s'y trompe pas ! L'Algérie n'est pas entrée dans un simple cycle de récession qui aurait succédé tout simplement à quelques trimestres d'expansion, comme cela se passe habituellement dans les économies développées. L'Algérie ne connaît pas qu'un simple épisode de dépression économique, due uniquement à un contexte défavorable, mais qui reste tout à fait conjoncturel. L'état de l'économie nationale est bien plus grave que cela : elle est en situation de crise majeure, durable et structurelle. Et la récession actuelle en est la conséquence directe et en aucun cas le fait d'un mouvement populaire pacifique qui n'entrave en rien le fonctionnement courant de l'économie. Celle-ci est aujourd'hui en dépression, car la commande publique commence à tarir avec le tarissement de la rente. L'activité se tasse dangereusement, car les banques n'injectent pas assez d'argent dans la machine économique par crainte de s'exposer aux risques de créances douteuses, et parce qu'elles n'ont jamais été véritablement libres de leurs actes de gestion. La croissance est en berne, car l'incertitude et le manque de visibilité dissuadent l'investissement. L'économie déprime car, en toute bonne logique, un système bancaire efficient et une sphère économique productive ne peuvent s'accommoder d'un pouvoir politique illégitime et contesté par la grande majorité de la population. Un pouvoir qui ne peut donc donner aucun gage de confiance et de crédibilité pour entreprendre enfin les décisives réformes dont l'économie nationale a si cruellement besoin.