Cinquante-trois jours après le début de la plus grave crise que le Chili a connue depuis le retour de la démocratie en 1990, le président Sebastian Piñera a présenté hier dans un message à la nation un programme visant à "combattre plus sévèrement la collusion et les abus de marché, les délits fiscaux et l'utilisation d'informations privilégiées". Le train de mesures prévoit des peines de prison ferme en cas de collusion entre plusieurs entreprises quand seront concernés des biens "de première nécessité, tels que les médicaments ou la nourriture". M. Piñera a également proposé de renforcer les pouvoirs du procureur économique national, avec de nouveaux outils "qui lui permettront de prévenir, d'enquêter et de dénoncer les cartels et les comportements anticoncurrentiels". Un statut de lanceur d'alerte va également voir le jour, ainsi que des mesures pour protéger les droits des consommateurs et des travailleurs. La législation contre les crimes en col blanc, tels que l'entente entre entreprises ou les délits d'initiés, apparaît comme l'une des principales revendications des manifestations sociales qui ont débuté il y a sept semaines. Les mesures annoncées par le président chilien restent toutefois en deça des revendications des milliers de manifestants qui continuent à se mobiliser en masse contre la classe politique dirigeante.