Incontestablement, le mot d'ordre de rejet massif du scrutin présidentiel de ce 12 décembre sera très largement suivi par la population béjaouie qui s'est distinguée par sa mobilisation sans faille pour la concrétisation de toutes les revendications populaires portées par le mouvement révolutionnaire du 22 février. En effet, rien ne laisse présager que l'opération de vote, prévue pour aujourd'hui, va avoir lieu dans une région frondeuse et totalement acquise au hirak. En témoignent les innombrables manifestations anti-vote qui se sont déroulées aux quatre coins de la wilaya depuis l'annonce par le chef d'état-major de l'ANP, en septembre dernier, de l'organisation de cette élection présidentielle contre la volonté populaire. Au-delà de ces actions de protestation qui ont rythmé l'actualité politique à l'échelle régionale, la mobilisation citoyenne en faveur des revendications du hirak a complètement effacé les velléités de certains relais locaux du pouvoir qui ont tenté de s'investir dans la campagne électorale. Pour preuve, aucun des cinq candidats en lice n'a pu ouvrir une permanence électorale dans la capitale des Hammadites, encore moins y mettre les pieds. Bien que l'administration locale ambitionne d'ouvrir une quinzaine de bureaux de vote à l'échelle de la wilaya, croit-on savoir, il n'en demeure pas moins qu'en dehors des corps constitués, les citoyens de la région sont résolus à bouder les urnes et décidés à empêcher pacifiquement la tenue de ce scrutin présidentiel. C'est ce que soutient le responsable de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) à Béjaïa, Hocine Boumedjane, qui nous a déclaré hier : "Eu égard au pic de mobilisation citoyenne enregistré durant ces quatre jours de grève générale, il n'y aura pas de vote dans notre région." Notre interlocuteur se dit persuadé que le rejet massif de ce scrutin présidentiel n'est guère un vain mot à Béjaïa. Selon lui, les Béjaouis sont déterminés à "faire avorter cette énième mascarade électorale visant à recycler le régime de Bouteflika". De son côté, le militant politique Zahir Benkhellat affirme : "La population de la Soummam s'attellera à faire échouer cette farce électorale qui s'apparente à un coup d'Etat de l'état-major de l'armée contre la légitimité populaire." Cet activiste du hirak à Akbou nous a indiqué, en outre, que "les citoyens de la haute vallée de la Soummam se sont déjà exprimés en faveur du rejet massif de ce scrutin de la honte, en procédant à la fermeture des bureaux de vote et au saccage des urnes". "Demain (aujourd'hui, ndlr), nous serons sur le terrain dès 7h du matin pour empêcher toute éventuelle ouverture d'un bureau de vote dans notre région. À ce titre, j'appelle la population locale à rester vigilante et à préserver le caractère pacifique de ce mouvement révolutionnaire d'essence démocratique." C'est dire enfin que cette élection sera un fiasco à Béjaïa, puisque bien avant ce mouvement de contestation populaire, cette wilaya a toujours enregistré le plus fort taux d'abstention lors des différentes élections organisées durant les deux dernières décennies.