La grève nationale des avocats à laquelle avait appelé pour hier l'Union nationale des barreaux a été massivement suivie dans la wilaya de Tizi Ouzou où les robes noires ne se sont pas contentées de boycotter les audiences, mais ont aussi organisé un imposant rassemblement de protestation dans l'enceinte de la Cour de justice. Sur les lieux de ce rassemblement qui a débuté à 10h, les centaines d'avocats qui y ont pris part ont tenu à dénoncer la loi de finances 2020, notamment dans ses nouvelles dispositions fiscales appliquées à leur fonction qui se voit à présent, disent-ils, réduite à une activité commerciale quelconque. Pis encore, ces nouvelles dispositions visent tout simplement, ont-ils accusé, à faire payer aux avocats leur engagement dans la révolution populaire et dans la défense des détenus d'opinion. "Les dispositions de la loi de finances 2020, appliquées aux avocats, sont venues en réaction au soutien des avocats au mouvement populaire et leur engagement dans la défense des détenus d'opinion. Ils veulent nous faire payer le prix de cet engagement, mais à travers notre rassemblement d'aujourd'hui, nous leur disons justement que nous demeurons toujours solidaires avec le hirak et les détenus, et nous revendiquons toujours l'Etat de droit", a déclaré, sur place, Me Ahmed Belgaïd estimant que "cette loi de finances a été élaborée par un gouvernement qui a agi sous le règne d'el-îssaba alors que justement, c'est cette îssaba qui doit rendre des comptes et non pas les avocats". Autrement dit, selon Me Belgaïd, l'avocat n'a pas à payer pour ceux qui ont détourné et dilapidé les richesses du pays. "L'avocat n'est pas un commerçant, il ne fait pas dans l'achat et la vente pour être soumis à la TVA, ce qu'il perçoit ce sont des honoraires. Ils veulent récupérer les fonds détournés sur le dos des avocats, ce que nous refusons catégoriquement. Cette journée n'est qu'un 1er avertissement ! Le Président actuel peut proposer une loi de finances complémentaire pour amender cet article sur la base d'une proposition de la commission des finances du Parlement", a-t-il expliqué. Pour sa part, Me Hamid Morsli a plaidé pour la mise en œuvre de la ponction à la source qui a été promise, mais qui n'a pas été appliquée ou, à défaut, au retour à l'IFU, appliqué avant cette loi de finances. De son côté, Me Karim Yefsah a estimé que "vu l'assèchement du Trésor public qui a été vidé, l'Algérie est placée entre l'enclume d'une situation sociale qui se dégrade et le marteau du FMI vers qui ils ne veulent pas retourner. Alors, ils ont choisi de faire de l'avocat le bouc émissaire pour renflouer les caisses". Lors de leurs interventions, les avocats ont expliqué que leur action d'hier est symbolique mais qu'elle reste insuffisante pour faire plier le pouvoir. Ils étaient, toutefois, unanimes à juger que d'autres actions doivent être envisagées à l'avenir. Selon le bâtonnier Salah Brahimi, la Direction générale des impôts a appelé, hier, les différents barreaux du pays à une séance de travail.