Des familles, victimes du terrorisme, ont organisé, hier, un sit-in de protestation devant le siège de la wilaya d'Oran pour dénoncer la marginalisation qu'elles affirment endurer depuis bientôt 25 ans. "Nous avons lutté au sein de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme pendant de nombreuses années, mais nous constatons que l'ONVT ne nous a été d'aucun secours. Aujourd'hui, nous avons décidé de sortir pour tenter de défendre, nous-mêmes, nos intérêts, hors de tout cadre organisé", a expliqué un membre du bureau local de l'organisation de Fatima-Zohra Flici à laquelle les contestataires reprochent d'avoir échoué dans sa mission de prise en charge des victimes du terrorisme. "Mon mari a été assassiné dans les années 1990 et m'a laissée avec deux enfants en bas âge. Je touche une pension d'un peu plus de 10 000 DA et je n'ai jamais bénéficié de logement (…)", relate une femme de près de 50 ans tandis qu'une octogénaire, au visage flétri, affirme toucher 4 000 DA au titre de "dédommagement" pour l'assassinat de son fils. D'autres femmes et hommes de tous âges — brandissant des portraits de leurs disparus et des affiches appelant les autorités à plus de considération — précisent comment ils ont été abandonnés par l'Etat algérien après avoir perdu un mari ou un enfant. "Nous n'avons bénéficié d'aucune aide ni pour le travail ni pour le logement. Nous sommes livrés à notre sort et vivons dans des conditions sociales déplorables alors que des terroristes ont été amnistiés, réhabilités et ont profité du soutien des autorités", dénonce un trentenaire, fils d'une personne tuée par les terroristes, qui dit survivre dans un stade à Haï Khemisti, quartier situé à l'est d'Oran, avec sa femme et ses deux filles. "Nous ne demandons pas l'impossible, mais juste la considération et l'aide qui doivent revenir aux victimes de la décennie noire", explique-t-il en s'insurgeant contre le refus des responsables locaux de le recevoir pour enregistrer ses doléances. Peu après le début de la manifestation, les représentants des manifestants ont été invités à rencontrer un responsable de la wilaya, offre qu'ils ont déclinée en exigeant de s'entretenir avec le chef de l'exécutif. Rendez-vous a été pris pour demain mardi. "Nous voulons ouvrir un dialogue constructif pour dégager des solutions aux graves problèmes auxquels nous sommes confrontés", a affirmé un des représentants en réitérant la détermination des victimes du terrorisme à faire valoir leurs droits par tous les moyens. Selon le bureau local de l'ONVT, la wilaya d'Oran compte environ 900 familles victimes du terrorisme.