La classe politique dirigeante à Beyrouth semble incapable de proposer une alternative à même de satisfaire les revendications de la protestation, près de quatre mois après le début des premières manifestations à travers plusieurs villes du Liban. Les dirigeants du pays se limitent depuis le week-end dernier à lancer des appels au calme, à défaut de proposer des solutions concrètes, à commencer par la formation d'un gouvernement de spécialistes tel que réclamé par la rue libanaise. À ce propos, l'annonce de la formation d'un cabinet a été maintes fois reportée en l'absence d'un consensus entre les différents acteurs politiques. Pis encore, selon des observateurs, les autorités libanaises tentent de diaboliser le mouvement populaire en le qualifiant de "violent" et de porteur de danger pour la stabilité du pays. Or, les manifestants, qui ont dès la semaine dernière averti les autorités de durcir le mouvement, en fixant notamment un ultimatum d'une semaine aux dirigeants pour répondre à leurs revendications, assument totalement la radicalisation de leur action et le maintien de la pression sur eux. La violence des émeutes de ces derniers jours, qui ont fait plus de 550 blessés, selon un dernier bilan, confirme avant tout la profondeur de l'exaspération des Libanais face à l'incompétence de leurs gouvernants, au pouvoir depuis trois décennies. Corruption à tous les étages, évasion de capitaux, biens mal acquis, chômage galopant, crise de liquidités sont autant de facteurs qui poussent les manifestants à brandir aujourd'hui la menace de la violence, après des mois de marches massives et de rassemblements nocturnes caractérisés par un pacifisme exemplaire. Si le Liban se trouve aujourd'hui au bord de la faillite à tous les niveaux, cela est d'abord de la responsabilité des dirigeants et de la classe politique, occupés dans les disputes et les controverses partisanes, chacun selon ses intérêts, affirment les manifestants qui sortent dans les rues.