Rien ne va plus à l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh. L'orchestre symphonique comme le personnel de cet établissement culturel, inauguré en grande pompe en 2016, s'insurgent et dénoncent une gestion des plus décriées de cet espace censé accompagner et promouvoir l'art. Ainsi, les musiciens de l'orchestre symphonique s'estiment "lésés" par la direction de l'Opéra. Contacté par Liberté, un des musiciens a souligné que "le directeur de l'Opéra a signé un engagement pour organiser chaque mois deux concerts pour l'orchestre, mais cet engagement n'a pas été respecté, sauf pour deux mois seulement, puis il n'a organisé qu'un seul concert". Notre interlocuteur a ajouté, dans ce sens, que "pour les mois de mars, avril, juillet et novembre de l'année dernière, il n'y avait aucun concert". Il a dénoncé également "le retard dans le paiement qui dépasse parfois les deux mois", cela, sans parler de "l'absence totale de la publicité pour tous les événements qui concernent l'orchestre, car ce sont les musiciens qui s'en occupent". Le directeur est accusé, ainsi, de vouloir "marginaliser l'orchestre symphonique par tous les moyens". D'autres musiciens ont souligné que les problèmes auxquels fait face actuellement l'orchestre symphonique ont été provoqués par la décision de l'actuelle direction de l'Opéra d'"exclure l'orchestre de son organigramme". Pour ces musiciens, cette décision d'isoler l'orchestre est en porte-à-faux avec le décret exécutif numéro 16-206 du 25 juillet 2016 portant création de l'Opéra d'Alger, son organisation et ses activités, notamment dans l'article 3 dudit décret, qui stipule que la direction artistique de l'Opéra est dans l'obligation de consulter les troupes de production de la troupe technique lors de chaque programmation. Il est stipulé, également, la mise sur pied d'un orchestre symphonique, d'une troupe de musique chaâbi, andalouse, une autre de chorégraphie, un ballet… Partant de ce décret, les musiciens ne comprennent pas l'attitude du directeur qui a exclu l'orchestre de son organigramme. À noter que les musiciens ont dénoncé, depuis quelques jours, leur exclusion lors des spectacles animés par le Ballet de Saint-Pétersburg. "Trouvez-vous normal que ce ballet joue en play-back alors que l'orchestre pouvait bien assurer le volet musical ?" dénoncent-ils. Il en est de même pour le personnel de l'établissement, lequel, dans une lettre ouverte à la nouvelle ministre de la Culture, Mme Malika Bendouda, dénonce l'absence d'une convention collective et d'un organigramme de travail. Dans leur lettre, les travailleurs ont également dénoncé l'absence de texte réglementaire sur la formation, les promotions et les primes de rendement. "Ceux-là existent juste pour certains", écrivent les travailleurs dans la lettre à la ministre. Dans la même lettre, les protestataires dénoncent "le non-respect du cahier des charges" qui régit l'activité de l'Opéra. "L'établissement est devenu comme une salle des fêtes à louer, perdant ainsi de sa grandeur", ajoutent les travailleurs, précisant que l'Opéra "est devenu un espace plutôt sans âme où l'on respecte à peine les normes de sécurité. La quasi-majorité des activités qu'il abrite n'ont aucun lien avec la mission et les objectifs pour lesquels il a été créé".