Des retraités de l'Armée nationale affiliés à l'Association nationale des retraités de l'ANP ont observé, hier matin, un sit-in de protestation devant le siège de la wilaya d'Oran pour interpeller les autorités sur "l'injustice" qui leur est faite depuis plus de 20 ans. "Quand ils avaient besoin de nous, nous avons répondu présent. Aujourd'hui, nous sommes traités comme des moins que rien", ont dénoncé les protestataires en exhibant des demandes de logement datant de plusieurs années. "Nous sommes mariés et avons des enfants, mais nous continuons toujours de vivre dans des habitations menaçant ruine (Sénia, Hassi…). Pendant ce temps, des logements neufs sont distribués à des gens qui n'en ont même pas besoin", a dénoncé cet ancien militaire, par ailleurs blessé au pied dans une opération de lutte contre le terrorisme. De nombreux manifestants, qui se sont regroupés dès les premières heures de la matinée devant le siège de la wilaya d'Oran avec l'espoir de rencontrer le wali, présentent des lésions provoquées par des balles reçues dans les années 1990. Un quadragénaire a même perdu un bras lors d'un attentat à la bombe qui s'est produit à Mohammadia, wilaya de Mascara, où il avait été affecté à l'époque de la lutte antiterroriste. "Nous avons beaucoup sacrifié pour ce pays, mais nous n'avons pas été payés en retour. Nous vivons dans le dénuement et les chefs de daïra, pourtant instruits par leur hiérarchie, refusent de nous recevoir", s'est plaint un autre retraité en tendant une attestation d'un hôtel de Sidi Houari certifiant qu'il y est hébergé depuis avril 2008. Outre le besoin urgent de logement, les anciens militaires ont également relevé la marginalisation et le mépris qu'ils disent subir malgré les services rendus à la nation : "Nous ne demandons rien de plus que nos droits et un peu de considération. Nous avons fait notre devoir et nous le referons encore si besoin, mais il n'est pas normal que nous soyons à ce point méprisés." "Méprisés parce que ces revendications sont portées depuis de longues années sans que les autorités ne soient allées au-delà des vaines promesses, nous avons soumis nos doléances à tous les walis qui se sont succédé ces 15 dernières années, mais rien n'a été fait", ont encore déploré les protestataires en rappelant que leur dossier est connu des plus hautes autorités de l'Etat. En milieu de matinée, quatre ex-militaires, qui avaient été reçus à la wilaya, ont indiqué avoir remis une liste de près de 500 demandeurs de logement au SG qui s'est engagé à les transmettre aux daïras concernées. "Il vous demande de patienter une semaine. Si d'ici à là rien n'est réglé, nous lancerons d'autres actions", a menacé l'un des délégués à l'assemblée en évoquant l'éventualité d'une marche, voire d'une grève de la faim. À noter que les manifestants sont membres de l'Association nationale des retraités de l'ANP, organisation agréée par l'Etat et dirigée par Tamer Ghodbane, et non pas de la Coordination nationale des retraités, des blessés et des ayants droit de l'armée, menée par Merouane Bessafa.