De telles faveurs suspectes constituent en vérité un abus d'autorité et une dilapidation de biens sociaux de la société SSPA-MCA. Après le départ de Farouk Chafaï gratuitement au club saoudien de Damac en raison d'une clause dans son contrat qui lui offre un bon de sortie en cas de sollicitation de l'étranger, c'est au tour du capitaine Sofiane Bendebka de lui emboîter le pas. En effet, à la fin du match de Coupe d'Algérie contre le WA Boufarik, Bendebka a décidé de quitter le MCA faisant valoir la même clause. En réalité, Bendebka avait déjà préparé le terrain quelques jours auparavant lors de son séjour à Dubai où il a négocié avec les dirigeants d'Um Salal où évolue déjà son coéquipier Ayoub Azzi. Bendebka part pour une somme dérisoire, environ 800 millions de centimes (il a cédé l'équivalent de trois salaires). La résiliation du contrat a été officialisée hier. Pourtant dans le contrat signé entre les deux parties en juillet 2017 et notamment dans l'avenant signé par l'ex-président Laadj, il est clairement stipulé que le MCA devait bénéficier financièrement d'un éventuel transfert de Bendebka à l'étranger. À l'époque, c'est Kamel Kaci-Saïd qui présidait aux destinées du MCA. Il livre son témoignage à Liberté. "Quand Bendebka avait signé au MCA en été 2017, je n'avais pas encore la délégation de signature, mais c'est moi qui ai négocier avec lui et son ancien club, le NAHD, pour le rachat de sa lettre de libération. Nous avons payé au prix fort cette lettre de libération. Nous lui avons donc fait signer un contrat de trois ans. Jamais, au grand jamais, il n'a été question qu'il quitte le MCA vers l'étranger sans indemnités. C'est inadmissible. C'est à la direction du MCA de négocier le transfert", dit-il. Et d'ajouter : "À l'époque, si mes souvenirs sont bons, le club qui devait avoir Bendebka devait payer une certaine somme en devises et prendre en charge un stage du MCA à l'étranger." Pour rappel, Sakhri avait inclus une telle clause dans le contrat de Chafaï. Comment peut-on du coup accepter de signer un tel contrat qui ne défend que les intérêts d'une seule partie ? La direction du MCA a-t-elle accepté une telle démarche sans en tirer profit ? Autant de questions qui doivent tarauder l'esprit du conseil d'administration du MCA, présidé par Nacer Almas, et qui devraient aboutir logiquement à une enquête. En effet, de telles faveurs suspectes constituent en vérité un abus d'autorité et une dilapidation de biens sociaux de la société SSPA-MCA. Dans une déclaration à Liberté, l'ancien directeur sportif du MCA, Omar Ghrib, avait accusé Fouad Sakhri d'avoir changé les clauses du contrat de Chafaï. "Personnellement, j'ai été étonné de découvrir que Farouk Chafaï est parti gratuitement vers le club Damac. J'ai été tout aussi étonné de découvrir également son salaire au MCA qui est de 350 millions. Mais je tiens à préciser que je n'ai rien à voir avec de telles modalités de contrat. C'est vrai, c'est moi qui étais derrière la venue de Chafaï au MCA, car j'ai estimé que le club avait besoin d'un renfort dans l'axe de la défense. Je me suis entendu avec lui sur la signature de son contrat, mais pas avec de telles clauses", confie Omar Ghrib. Et d'ajouter : "Je vais être franc avec vous, j'ai proposé un salaire de 250 millions à Chafaï pour un contrat de deux ans. Il ne m'a jamais parlé de cette condition qui le libérera de son contrat gratuitement si un club étranger venait à le solliciter. Je ne suis pas fou pour engager un joueur et le laisser partir sans contrepartie au bout de six mois, c'est pour moi de l'amateurisme. Jamais, au grand jamais, il n'a été question donc de cette clause hallucinante. Maintenant, il faut savoir que dix jours avant la signature de Chafaï au MCA, j'ai quitté mon poste. Il faut donc voir avec ceux qui lui ont proposé un nouveau contrat et les interroger sur leurs réelles motivations, car pour moi les clauses du contrat ont été visiblement changées." À noter que pour le départ d'Ayoub Azzi, Fouad Sakhri avait affirmé en conférence de presse que le MCA avait bénéficié d'une indemnité de transfert sans en révéler le montant.