L'organisation africaine a proposé pour la Libye un "Forum de réconciliation nationale" qui devra inclure une période de transition, un avant-projet de Constitution avec la proposition d'une date d'un référendum constitutionnel et la date des élections présidentielle et législatives. La réunion du haut comité de l'UA sur la Libye s'est achevée jeudi soir à Brazzaville (République du Congo), en établissant une feuille de route pour mettre fin au conflit meurtrier qui mine ce pays, et dont l'impact menace toute la région sahélo-sahélienne et l'Afrique du Nord. Si Fayez el-Farraj, qui dirige le Gouvernement d'union nationale de Tripoli, reconnu par la communauté internationale, était présent à cette rencontre, son rival, le maréchal Khalifa Haftar, s'était fait représenter par des délégués. À l'issue de cette réunion de haut niveau, les participants se sont entendus sur la tenue prochaine d'un "forum de réconciliation nationale", que l'Algérie s'est proposée d'accueillir durant l'année 2020. Une commission sera à cet effet mise en place incessamment au sein de l'UA afin de préparer ce "forum", auquel seront conviés les deux principaux belligérants du conflit, mais aussi des représentants de la société civile libyenne. Ce forum se tiendra en coordination avec les Nations unies et devra proposer, entre autres, une période de transition, présenter l'avant-projet de Constitution et suggérer la date du référendum constitutionnel et la date des élections présidentielle et législatives, selon le communiqué sanctionnant les travaux du haut comité de l'UA. Tout en insistant sur la nécessité de privilégier la voie d'un dialogue global et inclusif, seul capable de résoudre la crise libyenne, l'UA a vivement condamné les interférences étrangères qui font de ce pays le théâtre d'une guerre par procuration. "Le comité a réaffirmé son attachement ferme à l'intégrité territoriale du pays, à son unité nationale et à son indépendance", lit-on dans le communiqué, qui constate toutefois "une dégradation de la situation qui nourrit les réseaux terroristes et déstabilise la sous-région". Une dégradation alimentée par les nombreuses ingérences étrangères. L'UA a condamné "la poursuite de ces interférences extérieures en Libye au lendemain des engagements pris à Berlin" et a renouvelé son appel à "tous les acteurs extérieurs pour qu'ils cessent immédiatement toute ingérence dans les affaires intérieures de la Libye, notamment la livraison d'armes et le recrutement de mercenaires". Le comité a insisté par ailleurs sur le strict respect de l'embargo décrété par le Conseil de sécurité sur les armes en Libye. Il a appelé ce dernier à appliquer "les sanctions prévues en cas de violation". L'organisation africaine a appelé en outre à "un cessez-le-feu complet et effectif", qui doit faire l'objet d'"un mécanisme de surveillance (...) dans lequel l'UA aura un rôle à jouer", lit-on dans le document final de l'UA. Selon le dernier bilan de l'ONU, le conflit libyen, depuis l'offensive sur Tripoli, le 4 avril 2019, menée par le général à la retraite Khalifa Haftar, les violences ont déjà fait plus de 1 000 morts et 140 000 déplacés. La crise libyenne s'est nettement aggravée avec l'implication directe ou indirecte des puissances étrangères qui ont creusé davantage les divisions entre les parties libyennes en conflit depuis la chute, en 2011, de l'ancien leader Khadafi.