Réuni jeudi matin, à Tizi Ouzou, un groupe d'une cinquantaine de personnes a lancé un appel au nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, l'invitant à effectuer sa toute première sortie sur le terrain dans la wilaya de Tizi Ouzou. "Nous demandons à monsieur le président de la République de nous honorer de sa visite dans notre région et d'en faire sa première destination au niveau national", lit-on dans ledit communiqué qui appelle également à une "adhésion massive" de la société au programme du Président et rend un vibrant hommage à l'institution militaire. La lecture de ce communiqué portant la signature d'un certain Jugurtha Adnane, qui s'est déjà illustré récemment par ses attaques acerbes contre le mouvement populaire, a été l'unique objet de cette rencontre expédiée en une dizaine de minutes. Organisée dans la discrétion la plus totale et sous haute surveillance sécuritaire et en présence des seuls représentants des médias publics "sommés", selon des recoupements d'informations, par leurs directions respectives de lui donner le plus large écho médiatique possible, cette rencontre n'a pas tardé à provoquer la colère des habitants et d'enflammer les réseaux sociaux. Ce qui semble irriter le plus la population de la région, c'est surtout l'attribution de cette initiative douteuse à "la société civile". Or, cette rencontre a été, en réalité, initiée par quelques militants du FLN, et s'est déroulée, selon un présent dans la salle, en présence d'une cinquantaine de personnes parmi lesquelles quelques stagiaires d'une école privée dont le patron est connu pour son amitié avec un ex-ministre sous Bouteflika. L'appel ne peut être l'émanation de la société civile, puisque cette dernière continue d'investir la rue pour revendiquer le départ du système. Les auteurs de l'appel ne sont pas représentatifs de la société civile et encore moins de la population locale, la mobilisation pour faire échouer le scrutin présidentiel du 12 décembre dernier en est la preuve éclatante. Une seule question demeure néanmoins posée : Tebboune entendra-t-il cet appel lancé par une poignée d'individus depuis le sous-sol d'un hôtel, lui qui fait la sourde oreille devant les cris de la rue qui gronde depuis maintenant 50 semaines ? À moins que cette rencontre ne soit provoquée et dirigée en haut lieu. À cet effet, cela équivaudra, le cas échéant, à reproduire les pratiques de l'ancien système que Tebboune lui-même dit combattre.