Il n'était pas encore 14h lorsque le décor habituel fut planté au centre-ville de Tizi Ouzou où, comme de coutume, il fallait jouer des coudes pour pouvoir avancer. La foule, déjà impressionnante, qui a pris son départ à 13h30 du campus Hasnaoua de l'université Mouloud-Mammeri, n'a pas tardé à se transformer en un véritable tsunami après avoir charrié, sur son passage, tous les groupes de manifestants qui l'attendaient, banderoles, pancartes, drapeau national et étendard amazigh en mains. Mais au-delà de cet enjeu de remobilisation, c'était aussi celui du maintien du cap en termes de revendications du peuple qui semble avoir été aussi bien compris par les manifestants tant tous les slogans qui résument le projet de société revendiqué depuis le 22 février ont été mis en évidence. "Souveraineté au peuple", "Pour une véritable transition démocratique", "Pour l'application de l'article 7 et 8", "Système dégage"… ont été autant d'authentiques slogans de la révolution qui ont été mis au premier rang de la marche d'hier. Bien entendu, de nombreux autres slogans adaptés à l'évolution de la situation ont été scandés. "Non à une Constitution sans le hirak", "Non à une nouvelle Constitution avant le départ de l'APN, du Sénat et des partis opportunistes", "Le peuple ne veut rien d'autre que l'application des articles 7 et 8", "M. Tebboune, la seule bonne intention que vous puissiez afficher à l'adresse du peuple, c'est de dégager tous, vous et vos acolytes du système", "Des détenus de droit commun graciés, Tabbou et Boumala encore en prison : où est la loi et où est la justice ?", "Non au dialogue avec un Président illégitime", lit-on sur certaines de ces banderoles et pancartes brandies par des manifestants qui entonnaient en chœur des chants s'en prenant de manière très virulente à tous ceux, nouveaux ou anciens, qui représentent le système. Sur certaines pancartes, des manifestants continuaient, encore hier, à dénoncer la fausse société civile qui a appelé Tebboune à se rendre à Tizi Ouzou. "Aux adeptes des réunions clandestines dans les caves, vous êtes loin de représenter la Kabylie", lit-on sur l'une d'elles. Sur d'autres, on rendait hommage à Imache Amar, encore une figure occultée du mouvement national, dont la date du décès coïncidait avec la marche d'hier.