Les professionnels du 7e art se sont réunis du 9 au 11 février au Palais de la culture d'Alger afin de soulever les problèmes et trouver des solutions au marasme qui touche ce secteur. Depuis ces dernières décennies le 7e art algérien est en souffrance. Afin de le "guérir" de ses maux, le nouveau gouvernement vient d'installer un secrétariat de l'industrie cinématographique, rien que ça ! Peut-on parler d'industrie dans un pays où les salles sont pour la majorité fermées et désertées, où la production et la distribution sont quasi inexistantes ? Aussi peut-on parler d'industrie quand les films sont encore censurés, les derniers en date Papicha de Mounia Meddour et Z de Costa Gavras ? Dans l'objectif de montrer leur bonne "volonté" pour le changement et la relance de ce secteur moribond, Youcef Sehaïri, secrétaire d'Etat chargé de la cinématographie, a présidé du 9 au 11 février les premières assises nationales du cinéma, ayant réuni durant trois jours producteurs, réalisateurs, associations, ciné-club, techniciens… et autres acteurs du domaine. Très confiant, Sehaïri dans son allocution d'ouverture a évoqué une "volonté politique" pour la relance du cinéma ainsi que la mise en place de "mécanismes" – un point récurrent dans les discours, mais non détaillé – et d'"outils", qui mèneront à la renaissance de ce secteur. À cet effet, selon le conférencier, ces assises devaient être une tribune de débat et d'échange pour la proposition de solutions et non des problèmes connus ! Il a par ailleurs insisté sur le fait que pour la réussite de ce projet, il faudrait viser trois axes importants : production, distribution et exploitation. Egalement d'investir dans l'humain, et ce, à travers la formation et la récupération des salles gérées par les APC. Suite aux discours officiels dont les prérogatives sont loin de la réalité, les producteurs présents lors de cette première journée au Palais de la culture d'Alger sont tour à tour intervenus pour soulever leurs problèmes, qui tournaient autour des salles fermées, des difficultés administratives et bureaucratiques, autorisation de tournage, recours aux techniciens étrangers, le Fdatic… En face de ces "contestataires", Mourad Chouihi (directeur du CNCA) prenait note ! Mais qu'en est-il de la suite ? Quelques producteurs étaient présents à cette rencontre seulement par "curiosité", et trouvaient que ce n'est que de la "parlote", car rien ne sera réellement concrétisé. En effet, ces assises, auxquelles les têtes connues du secteur étaient aux abonnés absents, ressemblaient plus à une mascarade. Il faut se rendre à l'évidence : le 7e art algérien est complètement malade. Des communications du genre, il y en a eu des tonnes, notamment sur les perspectives de la production cinématographique, durant lesquelles les mêmes sujets sont mis sur le tapis, à savoir la mainmise de l'Etat qui fait office de producteur et décideur, la formation quasi inexistante, l'absence de bons scénaristes, le désintérêt des opérateurs économiques, les professionnels désunis… Sans oublier l'un des plus gros obstacles : la loi de la cinématographie de 2011 qui a entièrement verrouillé ce secteur. À ce propos, Youcef Sehaïri évoquait la "volonté politique" pour le redressement du 7e art à l'international, d'où la création d'un "secrétariat de l'industrie cinématographique", a-t-il appuyé. Vont-ils alors revoir cette loi ou simple utopie ? Comme le soulignait dans nos colonnes l'expert en politique culturelle Ammar Kessab, "ce n'est pas en créant un secrétariat d'Etat, qui va rajouter son lot de mesures bureaucratiques, qu'une industrie cinématographique va voir le jour en Algérie. Le cinéma a besoin de liberté, rien que de liberté. Il faut l'éloigner au maximum de la machine bureaucratique et se contenter de le soutenir financièrement et lui offrir les circuits de distribution nécessaires". Tout en ajoutant : "Le secteur cinématographique en Algérie est l'un des plus restrictifs au monde. Je ne pense pas que les nouveaux responsables puissent faire pire que leurs prédécesseurs qui, à travers la loi de 2011 relative à la cinématographie, ont consciemment signé l'arrêt de mort du cinéma algérien". La relance du cinéma DZ comme à son âge d'or (années 1960-1970) est une illusion perdue, tant que des films tels que Ben M'hidi restent dans les tiroirs du ministère…