Les quelques milliers de Constantinois, qui ont pris part à la marche d'hier, ont renouvelé l'exigence d'un changement radical du régime politique incarné désormais par le nouveau chef de l'Etat. La revendication citoyenne majeure portée par le mouvement du 22 février, celle du départ de toutes les figures du régime politique héritées de l'ère Bouteflika, n'épargne guère le Président issu des élections du 12 décembre dernier, elles-mêmes décriées par la majorité du peuple. C'est en gros, le message véhiculé par les acteurs de ce 54e acte de la mobilisation citoyenne dans la capitale de l'Est où une marée humaine a investi, l'espace d'une après-midi, tout le centre-ville de l'antique Cirta. Revigorés, depuis les deux marches de vendredi et samedi derniers, qui coïncidaient avec le premier anniversaire du soulèvement populaire du 22 février, admirablement célébré par ailleurs, les Constantinois ont sillonné, comme à leur habitude, les principales artères de la ville dans une procession où l'emblème national tenait la vedette. Et comme les marcheurs à Constantine empruntent généralement un itinéraire d'environ deux kilomètres en forme de "O", via l'avenue Belouizdad (ex-Saint-Jean) et la rue Abane-Ramdane (ex-rue Rolles) en passant par la place des Martyrs (Bab El-Oued) et la place du colonel Amirouche (La Pyramide), le parcours est repris par trois fois par des manifestants inlassables qui ne cessaient de promettre de récidiver aujourd'hui, comme ce fut le cas la semaine passée. Un 54e vendredi qui se voulait aussi, celui de l'affirmation de la volonté populaire de se débarrasser définitivement du régime politique en place et qui s'est exprimée hier par les voix de milliers de manifestants qui ont littéralement envahi le centre-ville de Constantine dès 13h30. Une résolution sans faille de milliers de Constantinois pour recouvrer la liberté, la dignité et la justice sociale. Aussi, ils ont crié à tue-tête ou à travers leurs écriteaux en faveur d'une presse libre et d'une justice indépendante. Mis à l'index par les manifestants, l'appareil judiciaire est stigmatisé encore une fois car qualifié de"âdalat etilifoune" (Justice du téléphone) et est accusé d'obéir aux injonctions venues d'en haut et d'être à l'origine des incarcérations d'activistes du hirak et de ses figures de proue. Et il va sans dire que les détenus d'opinion sont célébrés, comme chaque vendredi, en héros.