Les médecins libéraux à Jijel se sont retrouvés dans une posture délicate dans un contexte de crise sanitaire majeure, qui risque de se prolonger encore dans le temps. Fermer son cabinet ou le laisser ouvert dans la foulée de cette crise, même en étant désarmés et sans moyens de protection pour affronter un vilain virus, qui ne cesse de faire son lot de victimes en Algérie et à l'étranger. Tel est le grand dilemme devant lequel se sont retrouvés de nombreux médecins à Jijel, surtout après avoir été interpellés par la direction de la santé, qui les a sollicités de rester ouverts. "C'est difficile de trancher", avoue un médecin spécialiste, qui dit continuer à recevoir ses malades, même sur un rythme de travail diminué, mais avec plus de précautions, selon lui. "La DSP nous a contactés ; elle a sollicité tous les médecins", précise-t-il encore, même si pour lui rester fermé plus longtemps n'arrangera pas ceux qui ont abandonné la partie. "Ils vont ouvrir", affirme-t-il, non sans faire remarquer que sans moyens de protection il est difficile de travailler dans ces conditions. Evitant d'accabler ses confrères, notre interlocuteur ne leur donne pas non plus raison. Contacté, un autre médecin à El-Milia indique qu'il continue à travailler, "mais avec davantage de précautions", dit-il. "Beaucoup de confrères ont fermé", note-t-il encore. C'est dans la foulée de ces hésitations et des craintes d'un risque de contamination au coronavirus qu'une association de malades a réagi sur sa page Facebook pour dénoncer cette attitude de fermeture adoptée par certains médecins. Elle évoque notamment le cas des malades atteints de pathologies cardiaques, qui se sont retrouvés sans traitement ni avis de leur médecin traitant. "Même avec rendez-vous, ils n'ont pas pu être auscultés", dénonce cette association. La fermeture des cabinets médicaux est motivée, comme on peut aisément le deviner, par l'absence de moyens de protection contre le Covid-19. Cette problématique s'est d'ailleurs posée dès l'apparition des premiers cas de ce virus, avant qu'elle prenne cette tournure. Pour tenter de rassurer la communauté médicale du secteur privé, la DSP a créé une cellule composée de représentants des médecins, des chirurgiens-dentistes et des pharmaciens pour leur commander le matériel de protection à la PCH de Annaba. "On nous a fait part de cette commande, mais on n'a rien reçu encore", réagit un médecin. Au-delà de cette posture, ce sont les malades qui se retrouvent dans une situation encore plus délicate. "Être médecin ou ne pas l'être", tonnent certains devant l'attitude de fermeture des cabinets médicaux privés, qu'ils voient d'ailleurs d'un mauvais œil. "Abandonner ses patients dans un tel contexte est antidéontologique", assènent-ils encore.