Paru aux éditions Barzakh, Les ailes de Daouya est une histoire oscillant entre le réel et l'imaginaire, la réalité et le fantastique, qui donne à réfléchir sur l'avenir de l'homme et son rapport avec la planète. En ces temps de confinement qui devraient pousser à la lecture et à l'interrogation de soi, il serait bon de penser à lire Les ailes de Daouya, un roman de Rabéa Djelti récemment paru aux éditions Barzakh, traduit de l'arabe et initialement intitulé Hanine bi naânaâ (Nostalgie à la menthe) aux éditions El-Ikhtilaf. Une histoire oscillant entre le réel et l'imaginaire. Entre la réalité et le fantastique. Une histoire que le lecteur va partager avec Daouya, le personnage principal qui n'aura de cesse qu'il nous fasse revivre les moments d'échange avec sa grand-mère Hanna Nouha qui, très jeune, lui a prédit un avenir qui fait froid dans le dos, un dos qui se préparait à porter des ailes, des ailes qui devaient la rendre forte pour assurer sa mission : sauver le monde. En effet, Daouya va finir par comprendre. Elle va découvrir qu'elle fait partie de la communauté des "Ailés", ces êtres privilégiés qui ont pris conscience de la valeur du temps, des arts, des sciences, et qui considèrent que "celui qui ne comprend pas l'essence des choses ne ressent pas leur existence". Et avec elle, le lecteur voyagera entre Oran, Damas et Paris et connaîtra un peu la vie d'Oum El-Kheir, Ibtissem, Nezha, Sapho, non sans évoquer les durs moments de terrorisme chez les uns, de guerre chez les autres, et de revenir encore une fois sur le présage de Hanna Nouha qui lui disait "la main de l'homme a tout souillé, et la main de la nature lavera le sang des hommes et leur absurdité, elle nettoiera la Terre de l'homme lui-même". Mais que peut faire Daouya face à ce déluge qui adviendra tôt ou tard ? Comment aider ces hommes indifférents à leur devenir ? Inconscients de leur inconscience ? Elle, c'est une privilégiée, car elle fait partie de ces Ailés qui "sont sans aucun doute des élus, choisis pour être ce qu'ils sont, avec cette distinction et cette présence qui ravit le regard, remue le cœur, agrandit et illumine l'être". Lors d'une "Assemblée des ailés", elle apprend enfin cette vérité sur ces ailes qui lui faisaient tant peur et qu'elle cachait toujours sous son manteau marron. Et elle y rencontre des sommités qu'elle a toujours adulées, des noms prestigieux de toutes les époques, tous arts et domaines confondus, ailés eux aussi et fiers de déployer leurs ailes en signe de contentement. Ils sont tous là pour "rétablir l'équilibre". Ils évoquent dans leurs communications ces "mâles" qui "préfèrent le repos de leur cerveau à l'effort qu'il faudrait fournir pour le faire fonctionner". Ces mêmes mâles qui habitent ces cinq continents appelés à disparaitre pour donner vie à un sixième continent plus vaste et mieux habité… Mais non, à quoi cela aurait-il servi que la terre disparaisse ? N'était-il pas plus sage de la préserver et de la restaurer ? Est-ce que la planète qui scelle l'esprit doit disparaître dans le néant ? Ces questions existentielles et tant d'autres encore que pose Daouya, et à travers elle la plume poétique empreinte de sensibilité de Rabéa Djelti, traduite par Mohamed Sehaba, non sans nous donner envie de lire le texte arabe original. Une lecture dans une situation planétaire qui donne à réfléchir.