Le Club des magistrats algériens a décidé de boycotter l'élection de la moitié des membres du Conseil supérieur de la magistrature annoncée pour le 7 mai prochain. L'organisation des magistrats explique, dans un communiqué rendu public ce jeudi, son refus par "une conviction que c'est la liste de l'actuel ministre de la Justice qui passera dans un climat tendu marqué par des décisions unilatérales, des perturbations et des changements d'humeur qui risquent d'emporter ce pouvoir sensible et pilier de l'Etat". Et d'ajouter : "Ce refus est une réaction naturelle et spontanée face à une gestion unilatérale du ministre de la Justice qui a conduit à un délitement du secteur et à des atteintes aux droits dans le pays." Le club des magistrats algériens estime que dans les circonstances actuelles, le renouvellement des membres du Conseil supérieur de la magistrature "devient sans sens pour les magistrats qui savent que leurs carrières et celles de ceux qui sont censés les représenter au CSM sont gérées par les ministres de la justice qui se sont succédé à la tête de ce secteur". Pour le syndicat, "le maintien d'une instance aussi importante que le CSM, sous la coupe du pouvoir exécutif, n'augure pas d'une véritable indépendance de la justice réclamée par le peuple lors des manifestations du hirak et de ce fait les magistrats intègres ne participeront pas à cette élection qui ne fera pas avancer le combat pour la libération des magistrats des interférences politiques". Le club des magistrats algériens, très critique ces derniers mois envers l'actuel ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, pense que "le changement passe par un assainissement global et dans le calme de tout le système judiciaire pour le débarrasser de ceux qui l'ont utilisé à des fins personnelles ainsi que par l'abrogation des lois qui consacrent la dépendance absolue et non souhaitée du ministre de la Justice et du pouvoir politique".