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"Il est temps de réécrire l'Histoire à travers les habitants de ce pays…"
Ahmed Brara, directeur de recherches au centre national d'études et de recherches intégrées du bâtiment
Publié dans Liberté le 19 - 04 - 2020

L'ancien ingénieur en génie civil et directeur technique de l'Office d'intervention et de régulation d'opérations d'aménagement sur La Casbah (1985 à 1992), Ahmed Brara préconise une projection "urbaine durable et résiliente, où le chapitre du génie civil ne doit pas occulter les données naturelles du site".
Liberté : Vous estimez que "l'histoire de La Casbah a besoin d'être impérativement revisitée et réécrite à travers un autre angle de vision". Pouvez-vous nous éclairer sur cet angle ?
Ahmed Brara : En effet, l'histoire de la Médina est, étonnamment et à ce jour, écrite à travers le prisme des invasions étrangères successives. Une histoire dans laquelle les populations autochtones ne sont juste qu'objets et non sujets. Des êtres transparents et sans nom, comme le personnage de l'Algérien du roman L'Etranger d'Albert Camus. Tel est le cas de La Casbah, dont l'historiographie officielle fait remonter la fondation dans son emplacement actuel au IVe siècle av. J.-C en tant que comptoir phénicien, sous l'appellation controversée et invraisemblable d'Ikosim.
Pourtant, certains auteurs, dont Marmol, signalaient une cité construite par des Africains (Zénètes) nettement plus ancienne dénommée Saça (ou Saia), située entre Cef Saia ou Acif n Saia (l'actuel l'oued El-Harrach) et Metafus (l'actuelle Tamentfoust). Cette cité aurait été détruite par les Mosgan (Mezghenna, une tribu sanhadja venue du Sud) et dont les matériaux auraient servi à la reconstruire dans son site actuel et qui lui auraient donné leur nom. Par la suite, l'histoire de Mezghenna débaptisée en Icosium (forme romanisée d'Ikosim) est narrée essentiellement à travers les guerres puniques, les occupations romaine, vandale, byzantine, jusqu'à sa refondation en 960 après J.-C. par le prince ziride Boloqqin.
Elle ne reparaîtra de manière significative dans la narration que cinq siècles plus tard sous les assauts maritimes vengeurs des Espagnols et des Européens et sa soumission à la régence ottomane. En effet, ce n'est qu'à partir de 1518 que Dzaïr des Mezghenna, placée sous l'autorité de la Sublime Porte et devenue un haut lieu de la "course" pour les Raïs renégats, fit significativement parler d'elle. Tout le long de ces récits, les autochtones n'étaient évoqués qu'à travers leurs insurrections sporadiques inexorablement réduites et parfois en tant qu'alliés ou traitants de protagonistes se livrant bataille dans leur propre pays. Il est donc plus que grand temps de revisiter cette histoire et de la réécrire à travers les habitants de ce pays… Un travail de longue haleine mais ô combien passionnant attend nos historiens, archéologues, anthropologues et autres spécialistes de toutes les disciplines scientifiques, pour la réécriture objective et "décolonisée" de notre récit national.
Vous avez déclaré dernièrement dans une émission télé que le plan de sauvegarde de la médina est suffisamment développé mais qu'il devait impérativement intégrer d'autres paramètres…
Il est vrai que les études successives menées depuis les années 1970 à ce jour et la promulgation de textes de lois délimitant et régulant les interventions sur le tissu ont abouti à une maturation appréciable des solutions pour la prise en charge de la problématique de sauvegarde de cette Cité. Dès 1978, un Plan d'orientation générale, incluant un plan de rénovation et de restructuration de la Médina d'Alger, a été achevé et publié. Ce plan s'inscrivait intelligemment dans une perspective de sauvegarde de toutes les anciennes constructions et d'élimination progressive des bâtiments n'ayant aucun caractère historique. Il a été suivi par un deuxième
Plan d'aménagement et de revalorisation publié en 1982, définissant les grands axes d'intervention ainsi que les actions prioritaires. Un troisième Plan de sauvegarde et de mise en valeur, élaboré et approuvé en mars 2004, n'a pas eu de suite en raison de sa non-conformité aux modalités législatives de gestion des secteurs sauvegardés. Le dernier en date est le Plan permanent de mise en valeur des secteurs sauvegardés (PPMVSS) concernant La Casbah d'Alger, approuvé par décret exécutif en 2012.
Dans cette étude intégrée et bien documentée, le secteur sauvegardé est présenté ainsi que son cadre juridique, suivi du diagnostic de l'état de conservation globalement synthétisé, ainsi que des propositions d'actions et de mesures d'urgence et d'aménagement basées sur une étude analytique. Cette dernière se fonde sur une analyse typo-morphologique s'appuyant sur une lecture approfondie (historique, typologique, architecturale et constructive) des tissus composant le secteur sauvegardé et est accompagnée d'une décomposition très pertinente du tissu en zones homogènes (du point de vue parcellaire, bâti, système viaire et réseaux divers).
L'étude est complétée par un règlement portant sur les dispositions s'appliquant aux constructions nouvelles, à l'entretien, à la restauration et à la modification intérieure et extérieure des constructions existantes, ainsi qu'à l'aménagement des espaces non bâtis. Lors de l'émission télé, nous avons effectivement recommandé que cette excellente étude soit complétée par la prise en compte des aspects génie civil et des données naturelles actualisées du site d'implantation.
Il est patent que la projection d'une sauvegarde durable se doit d'intégrer, entre autres, les caractéristiques des matériaux utilisés in situ (résultant des études scientifiques et des analyses récentes des briques, des mortiers, du bois, des rondins de thuya, de l'eau des puits, etc.), du parti structurel du tissu (agencement tubulaire des murs de bâtisses, assemblées en îlots formant une macrostructure parasismique), ainsi que des données climatique, géotechnique, sismique, hydrologique et hydrogéologique du site. Cette prise en compte permettra d'affiner et d'appréhender correctement le règlement, notamment les dispositions se rapportant aux matériaux et typologies structurelles à adopter (limitées à la charpente métallique pour les nouvelles constructions).
N'est-il pas temps de doter la Médina de plus d'équipements et de services pour la débarrasser de la réputation d'un quartier de non-droit et souffrant de la précarité sociale à cause du squat ?
Il est vrai que le quartier ne dispose que de quelques rares équipements (polyclinique, pharmacie, garderie, bibliothèque, centre de culture et de loisirs, etc.), sis essentiellement dans les parties haute et basse et le long des percées coloniales. Leur renforcement serait d'une grande opportunité, surtout avec la résurgence heureuse du tourisme dans ce quartier historique. il est urgent de passer à la réalisation effective du plan de sauvegarde…


Etretien réalisé par : LOUHAL NOURREDDINE


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