Six pays producteurs, dont l'Algérie, proposent de mettre en œuvre immédiatement les mesures de baisse de production plutôt que d'attendre le 1er mai, date de leur entrée en vigueur. L'Algérie, membre de l'Opep, et qui en assume la présidence en 2020, le Nigeria, le Venezuela, l'Irak, le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan ont organisé mardi, une téléconférence pour discuter de la situation du marché pétrolier, mettant en relief les raisons et les conséquences de la chute des prix du pétrole sur les marchés américains, selon l'agence Reuters. Les ministres des six pays ont proposé, lors d'un échange de vues sur le sujet, de mettre en œuvre immédiatement les meures de baisse de production, décidées à la faveur de la conférence extraordinaire de l'Opep+, tenue le 12 avril dernier, plutôt que d'attendre le 1er mai, date à laquelle devraient entrer en vigueur ces décisions. Mais la téléconférence s'est terminée en queue de poisson, se clôturant sans aucune mesure concrète. Le ministre irakien du Pétrole, Thamer Ghadhban, cité par l'agence britannique, a indiqué que l'Opep+ pourrait élaborer des mesures supplémentaires pour résorber le surplus de pétrole et que la prise de nouvelles décisions dépend de l'évolution du marché mondial et du niveau de conformité à l'accord de limitation de la production conclu le 12 avril. Le ministre russe de l'Energie,qui n'a pas participé à la téléconférence, a déclaré qu'il ne faut pas "dramatiser" la situation, soulignant que les pays de l'Opep et leurs alliés, dont Moscou, "surveillent attentivement la situation et ont tous les moyens de réagir, le cas échéant". Quant à la participation de l'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep et premier exportateur mondial, elle n'a pas été confirmée. Toutefois, des sources du Wall Street Journal indiquent que le royaume saoudien "pourrait réduire ses extractions de brut dans l'immédiat". Mais, la décision définitive dépend de plusieurs facteurs. L'Arabie saoudite ainsi que d'autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole "pourraient commencer à réduire leur extraction de brut avant le délai prévu par le nouvel accord de l'Opep+", écrit le Wall Street Journal, se référant à ses propres sources au sein du secteur pétrolier. Le 12 avril, l'alliance en question avait conclu un accord pour réduire la production de 9,7 millions de barils par jour, la plus importante coupe jamais réalisée et destinée à soutenir un marché pétrolier en chute libre. Des producteurs n'appartenant pas à cette alliance se sont engagés quant à eux à réduire leur production de 3,7 millions de barils par jour supplémentaires. Le marché pétrolier s'effondre depuis plusieurs semaines en raison des restrictions de déplacement qui ont été adoptées dans de nombreux pays et de la paralysie des économies provoquée par la pandémie de coronavirus. Cela a fait fondre la demande de brut. Le prix du baril de pétrole nord-américain a connu une dégringolade historique lundi dernier, passant dans le négatif. La détérioration des prix de l'or noir a plongé les pays producteurs de pétrole dans l'abîme, rendant leur production non rentable. L'Opep, dont la part de production représente 42% du volume global de pétrole brut dans le monde, assiste, impuissante, à ce désastre.
