La traduction du président du Club des magistrats algériens , Merzouk Saâdeddine, devant le Conseil supérieur de la magistrature n'a pas laissé de marbre son syndicat, en cours de constitution, qui, dans un communiqué rendu public hier, a exprimé une solidarité sans faille avec son président tout en vouant aux gémonies le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati. "La nouvelle de la traduction d'un homme connu pour son honnêteté, sa compétence et sa neutralité durant tout son parcours professionnel, au terme d'une suspension abusive et temporaire, est un grand déclin et un recul sur les valeurs mais aussi sur les exigences de l'indépendance de la justice", affirme le CMA qui dit "condamner avec la plus grande vigueur cette mesure injuste visant à faire taire les militants jaloux de leur pays, de leur fonction et qui demandent la réforme et l'indépendance". Pour celui-ci, Merzouk Saâdeddine n'a pas commis une quelconque faute ou a versé dans la corruption, son "seul crime" est de s'être engagé pour "les droits des magistrats et l'indépendance de la justice du ministère de la Justice". "Notre collègue est un modèle du magistrat indépendant dans une époque où les concepts se sont mélangés et où l'égoïsme et le narcissisme maladif ont pris le dessus chez celui dont le parcours comme magistrat repose sur la soumission, la dépendance et l'exécution d'ordres hiérarchiques et à qui l'on ne connaît aucune position militante en faveur de l'indépendance de la justice avant d'occuper la fonction de ministre de manière anticonstitutionnelle (…)." Une pique, on ne peut plus claire, adressée par le CMA au ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, à qui il reproche d'avoir succombé à l'"esprit de vengeance" et à la "personnalisation" du problème dans le but de "faire taire la seule voix qui défend l'indépendance de la justice" en la considérant comme "un danger interne qu'il faut absolument écarter". Après avoir rappelé les positions exprimées par Merzouk Saâdeddine durant tout le hirak, une fierté pour tous les magistrats, le CMA a considéré que sanctionner aujourd'hui son président est une "sanction contre tous les magistrats sincères qui défendent les valeurs de la justice" mais aussi "un reniement des efforts fournis par les magistrats en se mettant du côté de la vérité". Arab C.