Sur les 11 000 agriculteurs exerçant au niveau du territoire de la daïra, seuls 400 en sont détenteurs. Après que leur marché de gros a rouvert suite à la fermeture forcée qui les a pénalisés pendant plusieurs semaines et après une importante réunion au niveau de la wilaya où il leur a été imposé de respecter strictement les mesures de confinement, soit les mêmes qui ont été proposées le 21 avril dernier par les fellahs eux-mêmes, ces derniers viennent de revendiquer cette fois-ci la délivrance de la carte professionnelle de fellah, sachant que sur les 11 000 agriculteurs qui exercent au niveau du territoire de la daïra d'Oulhaça, seuls 400 en sont détenteurs. Et dire que la population de cette région ne vit que de ses seules ressources agricoles, notamment les maraîchers dont l'oignon, les haricots verts, l'ail et la tomate, pour ne citer que ces produits saisonniers. Et pour cause, la délivrance de la carte professionnelle est tributaire de l'acte de propriété de leurs terres agricoles qui sont en majorité léguées de père en fils et donc ne peuvent justifier la propriété. Un véritable casse-tête chinois pour la commission d'octroi des cartes professionnelles. Cette situation pénalise aussi bien la majorité des fellahs qui ont trouvé du mal à se faire délivrer les autorisations de circuler pendant la période de confinement sanitaire leur permettant de se déplacer pour écouler leurs marchandises à l'intérieur de la wilaya et à travers les marchés de gros de pas moins dix wilayas que les ouvriers des exploitations agricoles des agriculteurs qui ont bénéficié des autorisations. Ces ouvriers ne pouvaient donc se déplacer, pénalisant du coup les agriculteurs. C'est ce que vient de nous expliquer Gherras Benabdallah, président de l'association locale de valorisation des maraîchages et président du conseil interprofessionnel de l'oignon, des haricots verts et de l'ail. À ce titre, celui-ci nous a appris qu'il a proposé de mettre en place une commission locale composée de membres qui connaissent les fellahs de la région d'Oulhaça pour pouvoir régler cet épineux problème, précisant que les facilités ne sont accordées qu'à ceux qui détiennent un registre du commerce ou une carte professionnelle pour la remise des autorisations exceptionnelles. ‘‘Du coup, des pertes énormes ont été occasionnées, soit la moitié pour ce qui est des cultures de la carotte par exemple", nous apprendra M. Gherras, qui regrette l'absence de moyens de stockage et de chaîne de froid pour la conservation à Oulhaça, région des maraîchers par excellence, laquelle est dépourvue d'industrie agroalimentaire et de transformation. ‘‘C'est invraisemblable que la région d'Oulhaça, qui est si riche en ressources agricoles, touristiques et archéologiques, sombre dans le dénuement'', ajoutera-t-il. Oulhaça, rappelons-le, est considérée comme une région-pilote pour la qualité de son oignon blanc qui attend sa labellisation dans le programme euro-algérien PAP/Enpard, financé à hauteur de dix millions d'euros, un montant dégagé par le côté européen, axé exclusivement sur la formation et qui arrive à terme échu en juin 2020. Sauf que l'épidémie de Covid-19 vient de réduire à néant tous les efforts consentis à ce jour, car personne ne sait quel sera le sort de ce programme. Sur une superficie agricole globale de 5 000 ha à travers les quatre communes de la daïra, celle de l'oignon occupe les 2/5 environ. M. Gherras a saisi cette occasion pour appeler à un assainissement du secteur agricole pour que la terre revienne à celui qui la travaille et non à ceux qui l'ont héritée de leurs parents décédés alors qu'ils n'ont aucune relation avec la terre, dans la mesure où les terres du domaine privé de l'Etat ont été distribuées aux héritiers du fellah avec les mêmes erreurs du passé. ‘‘Pour parvenir aux résultats escomptés, il faudra réparer ces erreurs. Oulhaça dispose d'une main-d'œuvre qualifiée à la recherche d'une terre perdue qu'il faudra récupérer. Ce n'est qu'à ce prix que l'agriculture constituera réellement une alternative à l'après-pétrole en participant à booster l'économie nationale, en y associant bien sûr le fellah'', a tenu à ajouter M. Gherras. M. LARADJ