Sa convocation avait fait grand bruit, particulièrement sur les réseaux sociaux. Le conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature, réuni hier à Alger, a finalement décidé du renvoi du dossier du magistrat, Saâd-Eddine Marzoug, porte-parole du club des magistrats, à la prochaine session, a-t-on appris auprès de Me Abdellah Heboul, membre du collectif de sa défense. Selon notre source, la défense a soulevé des irrégularités dans la procédure disciplinaire engagée contre le juge Saâd-Eddine Marzoug. "La défense a plaidé la forme procédurale", a-t-il précisé. Suite à quoi, le conseil a décidé de transmettre le dossier au ministère de la Justice pour répondre à des questions soulevées. "Après délibération, le conseil a demandé au représentant du ministère de produire un mémoire de défense", a précisé, pour sa part, Me Abdelhak Mellah. Aucune date n'est pour l'heure avancée sur la programmation de la prochaine session qui peut intervenir dans les prochains mois. Mais la première conséquence est que théoriquement, le juge Saâd-Eddine Marzoug devrait reprendre son travail le 11 juin prochain. "En vertu de la loi, il a consommé les six mois de sa suspension. Donc rien ne l'empêche de reprendre son travail", explique Me Mellah. Jeune figure émergente dans le corps de la magistrature, Saâd-Eddine Marzoug s'est distingué depuis quelques mois par ses positions courageuses en faveur de l'indépendance de la justice. S'il a suscité de la sympathie auprès de larges pans de la population, tel ne semble pas être le cas avec le ministère de la Justice qui visiblement n'apprécie pas ses prises de position, ni son activisme à la tête du syndicat dont il est devenu le porte-parole attitré, encore moins ses fréquentes sorties médiatiques dans lesquelles il n'hésitait pas à stigmatiser ouvertement le ministre. "Nous avons appris avec consternation la décision de traduire notre collègue devant le Conseil supérieur de la magistrature, non pas pour avoir commis une infraction au code de déontologie et d'éthique professionnelle, ou pour un délit de corruption financière, mais pour avoir défendu avec acharnement les droits des magistrats et pour être l'un des premiers défenseurs de l'indépendance des juges du ministère de la Justice", a réagi récemment le Club des magistrats à la convocation de Saâd-Eddine Marzoug. "Au regard des arguments avancés, on peut dire que c'est une première victoire", se réjouit Mellah. Karim K.