Les neuf mois passés à la prison militaire de Blida n'ont gâté en rien la verve et la faconde de la pasionaria du Parti des travailleurs. Dans une longue allocution prononcée à l'occasion d'une réunion du bureau politique de son parti, la SG Louisa Hanoune a fait étalage de toute sa combattivité qui est restée bien intacte malgré la dure épreuve carcérale, en criant à qui veut l'entendre son attachement à ses convictions. "J'avais expliqué à ma sortie de prison que seules une totale incapacité physique et mentale ou alors la mort seraient capables de me faire abandonner le terrain de la lutte politique et donc de mon engagement politique. Car même la prison ne peut pas briser mon mental ni mes convictions politiques. Certes, je ne pouvais pas me déplacer mais ma tête n'a pas arrêté de fonctionner", a-t-elle asséné. "Je n'ai pas déserté le terrain de la lutte pour bâtir une carrière. Ce n'est pas à 66 ans et après un parcours militant de 44 ans que je vais penser à mon avenir professionnel ou à ma situation sociale ou que je transige avec mon engagement politique", a-t-elle insisté. Pourquoi cette sortie et surtout ce rappel de son long parcours politique ? Louisa Hanoune dit avoir été la cible, juste avant sa première sortie publique le 12 juin, d'une "machine de guerre électronique" actionnée, a-t-elle accusé, non pas par des individus mais par "un appareil" ayant de grands moyens. L'instrument de cet appareil ? La chaîne de télé privée El Hayet qu'elle accuse d'avoir "mené, à travers deux émissions, une cabale contre elle en s'adonnant à une sorte de procès politique par contumace" contre elle et les positions de son parti. Elle s'interroge à cet effet sur l'attitude de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) et de la justice qui ne s'autosaisissent pas pour mettre un terme à ce genre d'émissions qui, à ses yeux, "constituent une menace sur l'ordre public". En tout cas, la direction du PT décidera des suites à donner à cette affaire. Pour ce qui est des attaques contre sa personne, Louisa Hanoune prend à témoin l'opinion publique. "Je porte la responsabilité au pouvoir de toute atteinte physique contre ma personne. Car ses attaques répétées ne peuvent pas se produire sans que leurs auteurs ne bénéficient de l'impunité et d'une certaine protection", a-t-elle expliqué. La persistance de ces pratiques a plus que jamais conforté la porte-parole du PT dans son analyse sur le système politique en Algérie qui, a-t-elle asséné, "n'a pas changé dans son mode de gouvernance". "Il y a eu changement de régime et de personnes mais la nature des institutions et les pratiques sont toujours les mêmes", a-t-elle soutenu. Poussant le bouchon plus loin, elle a estimé que le multipartisme et la pluralité politique et les acquis démocratiques d'Octobre 88 sont "en danger". Pourquoi ? Réponse de Louisa Hanoune : "Parce qu'il y a une volonté d'étouffer et d'assassiner la révolution du 22 février 2019. C'est clair maintenant, c'est la prison, la menace et l'insulte ou le lynchage médiatique pour n'importe quel militant, journaliste, activiste ou citoyen qui ose exprimer une opinion différente de celle du pouvoir." "Je le répète, Ali Ghediri, Boumala, Addad, et tous les activistes arrêtés, les militants de la démocratie et des droits de l'Homme, sont tous des détenus d'opinion car ils ont exprimé des opinions politiques", a-t-elle insisté. Concernant le projet de révision constitutionnelle, Louisa Hanoune a réitéré l'opposition de son parti à la participation de l'ANP à des opérations de maintien de la paix. Et à Louisa Hanoune de reprocher à des membres de la commission Laraba de "multiplier les déclarations politiques sur le projet, en défendant les choix politiques du régime concernant le maintien du système, etc". "Ils outrepassent leurs prérogatives", s'est-elle emportée, en les accusant de faire preuve dans certaines de leurs déclarations "d'un mépris, d'une arrogance et d'une condescendance à l'égard des citoyennes et des citoyens". Pour ce qui est de l'incident tragique de Tin Zaouatine, la porte-parole du PT a fait part de sa "profonde angoisse" et l'a imputé à la dégradation des conditions sociales et économiques de la population de cette localité, en rappelant avoir lutté pour "un système de péréquation et un véritable et plan de développement pour immuniser la nation".