Les magistrats ne décolèrent pas et ne cachent plus leur exaspération face à la gestion jugée "unilatérale" du secteur de la justice par le ministre de tutelle, Belkacem Zeghmati. "Les juges enregistrent avec beaucoup d'amertume et regrettent la détérioration des conditions du système judiciaire algérien due essentiellement aux moyens éculés et usés auxquels recourent les responsables du ministère de la Justice dans la gestion des affaires du secteur", a déploré le Syndicat national des magistrats (SNM), dans un communiqué rendu public samedi 21 juin. L'organisation dirigée par Issad Mebrouk pointe du doigt la "gestion unilatérale" de M. Zeghmati des affaires du secteur qui, selon lui, est "en contradiction avec les méthodes modernes et professionnelles que se doit de donner celui qui gère les affaires publiques comme la démocratie participative, le dialogue et la participation de tous les acteurs en donnant leur avis sur les questions liées au secteur, loin de toute haine ou rancune, dans le but d'arriver à des décisions justes et qui peuvent être appliquées sans heurt". Le SNM n'a pas manqué de s'interroger sur le fait que seule l'Union nationale des ordres des avocats (Unoa) est associé à la discussion sur "la manière de reprendre le travail judiciaire", en excluant le SNM qui représente le tiers des magistrats, le Syndicat des greffiers et la Chambre nationale des huissiers de justice alors que cette question est "étroitement liée aux droits professionnels de ces catégories". "Le plus ahurissant est que les décisions prises à cet effet soient annoncées par le président de l'Unoa, avant même qu'elles ne soient rendues publiques par les services du ministère, ce qui laisse entendre que les autres acteurs ne sont pas dans les bonnes grâces du ministre." Autre "mascarade" qui a fortement courroucé le SNM : une instruction du ministre qui date de samedi 21 juin qui annule certaines des décisions prises à la fin de la semaine dernière quant à la manière de reprendre le travail judiciaire, avant son entrée en vigueur, après trois jours de sa publication. Un fait qui, aux yeux du Syndicat dirigé par Issad Mebrouk, fait toute la lumière sur "la confusion" dans laquelle se trouvent les responsables du ministère, à leur tête le ministre. En tout cas, le SNM compte convoquer la réunion de son Conseil national en juillet prochain pour décider des suites à donner à "la marginalisation" des magistrats et de leurs représentants légitimes par le ministre de tutelle.